Les artisans deviennent souvent entrepreneurs

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Entrevue avec Cybèle B. Pilon, artiste-céramiste et entrepreneure

Bonjour Cybèle, pourrais-tu te présenter?

 

Bonjour! Je suis céramiste à Montréal. Je me concentre majoritairement sur la production de pièces uniques utilitaires en céramique. Je propose des pièces avec une signature visuelle forte, colorée et fortement ornementée. Je produis tout chez moi dans mon garage que j’ai modifié en atelier, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.

Pourquoi as-tu choisi l’entreprenariat?

 

Avant de faire des études en céramique, j’ai fait un baccalauréat en communications. J’ai toujours été une artiste et j’ai toujours été une entrepreneure. Ça fait partie de moi. Les projets, les idées de projet, ça a toujours bouillonné à l’intérieur de moi. Je pense que je ne pouvais pas faire autrement!

 

 

À quel moment as-tu décidé de faire le saut? Quel a été l’élément déclencheur?

 

J’ai toujours été une amoureuse des métiers d’arts. Après une année en entreprise en communication, un soir, sur un coup de tête, je me suis inscrite au DEC en céramique, je n’en avais jamais fait de ma vie! Déjà, c’était clair que j’allais en céramique faire un DEC pour ensuite me lancer comme travailleur autonome et par le fait même, lancer mon entreprise. La décision était prise!

 

 

Quelle aptitude ou compétence te démarque?

 

Mes forces ont toujours été la communication et la créativité.

 

Comme entrepreneure, quelle est ta bête noire?

 

C’est la gestion de mon temps, surtout en production artisanale, chaque étape prend énormément de temps. Et… je sais que c’est une réponse facile, mais c’est sûr que je préfère la création à la comptabilité (rires).

 

D’ailleurs, comment t’organises-tu pour ta comptabilité? Quels sont tes outils ou les trucs que tu as développés?

 

Je travaille avec Quickbooks, ce qui est assez simple. Je me débrouille avec l’outil et je fais affaires avec un comptable. Si j’avais à déléguer quelque chose, ce serait ça!

 

 

Question de production

Un enjeu que rencontre Cybèle est le plafond de production. Comme le processus de création est très énergivore en termes de temps de production – chacune de ses pièces est façonnée, gravée et peinte à la main individuellement. Même si elle vend toutes ses céramiques, elle ne peut qu’en produire un nombre très limité par année. Une des pistes de solutions est de profiter de sa visibilité et de sa signature visuelle forte pour développer des sous-produits dont elle sous-traite la production comme des œuvres imprimées et de travailler d’autres médiums plus rentables (à titre d’exemple, elle fait également des murales).

Aimes-tu faire des collaborations?

 

Oui, vraiment! J’en ai fait, surtout au début quand je me suis lancée en affaires. Même que je suis allée chercher des gens avec qui je voulais travailler. Ce que je dirais à n’importe quel entrepreneur qui démarre, c’est de ne pas hésiter à demander. La pire réponse c’est non! J’ai osé contacter l’entreprise Cook it, parce que je voulais faire voir mes assiettes dans un contexte alimentaire. Je leur en ai donné deux et ça a porté fruit! Depuis des années, ils utilisent mes assiettes sur leurs fiches-repas, ce qui me donne une très grande visibilité. J’ai aussi contacté une designer intérieure que je voyais souvent dans les médias. Je voulais qu’elle utilise mes assiettes dans un contexte plus décoratif. Ça m’a amené une collaboration avec La Presse et une bonne visibilité. J’ai tout gagné en osant contacter ces gens-là! Vice-et-versa, je me fais maintenant contacter pour des collaborations. Je vérifie les avantages de mon entreprise avant de m’associer. Que vais-je gagner? Plus de visibilité? Est-ce que leur public cible correspond au mien? C’est important que ce soit raccord.

 

 

Tu as fait la formation Soutien au travail autonome il y a 5 ans. Qu’est-ce que tu en retiens?

En céramique, souvent, on focalise sur la production. Des fois il faut se sortir la tête et les mains de la production afin se pencher sur l’aspect « business ».

La première année où je suis sortie de l’école, j’ai accédé à la mesure STA et ça m’a permis de mettre mon temps sur l’entreprise que je voulais construire, de me concentrer sur l’orientation que je voulais y donner. Également, j’ai rencontré d’autres entrepreneurs de milieux différents, mais qui vivaient la même chose que moi. Ça permettait de faire une pause sur notre projet d’entreprise et se retrouver. On est restés soudés longtemps. On a encore un groupe Facebook via lequel on se parle de temps en temps. Et on se suit pour voir où on en est rendus….

Comment as-tu évolué comme entrepreneur?

 

Je suis fière de dire que 5 ans plus tard, je continue encore aujourd’hui mon projet d’entreprise à temps plein. C’est l’une des choses dont je suis le plus fière. Il y a beaucoup de défis en céramique artisanale et j’ai eu des questionnements à chaque année. Mais je suis encore là aujourd’hui! Et avec une famille depuis les débuts!

Quand tu as des moments difficiles sur quoi tu t’appuies?

 

J’ai la chance d’avoir l’appui de mon conjoint. On est tous deux entrepreneurs, travailleurs autonomes dans une sphère créative et artistique. Je peux compter sur lui pour être comprise et entendue. Ça compte pour beaucoup!

 

Avantage ou pas d’avoir un conjoint entrepreneur?

 

Je trouve que d’avoir un conjoint qui est aussi travailleur autonome et entrepreneur c’est un avantage, j’ai toujours voulu ça pour lui! Étonnamment, c’est lui qui hésitait! Quand on s’est rencontrés, il travaillait en entreprise. Et aujourd’hui, je suis vraiment contente qu’il soit à son compte. On a la même liberté et flexibilité. On peut parler d’enjeux en se comprenant.

 

Pour plus d’informations sur la Mesure de Soutien au travail autonome (STA), cliquez ici.