5 questions à se poser pour réussir sa campagne de sociofinancement

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Au Québec, on estime que le marché du sociofinancement pourrait représenter 100 M$ d’ici cinq ans. Certaines campagnes rencontrent des succès fulgurants, qui permettent notamment de tester la popularité de leur projet. C’est le cas pour le studio de jeux vidéo indépendant Compulsion Games, basé à Montréal, dont l’objectif a été dépassé de plus de 100 000 $. Cette réussite a été pour l’entreprise une preuve de la viabilité de leur jeu vidéo et un tremplin pour obtenir du financement du Fonds des médias du Canada. Les organisations du secteur culturel ou créatif ont donc tout avantage à se pencher sur ce mode de financement.

 

Cependant, attention aux mythes! Il ne suffit pas de publier une page décrivant votre projet sur une plateforme pour que les dollars affluent! Les campagnes de sociofinancement demandent une bonne préparation et une certaine connaissance des outils à votre disposition. Cela ne s’improvise pas! Ainsi, en moyenne, on considère que pour bien préparer sa campagne, vous devez prévoir un délai de 60 jours, mais qui peut s’allonger en fonction du montant que vous cherchez à atteindre…

 

Il existe différents types de sociofinancement, parmi eux : le don désintéressé, le don avec récompense, le prêt aux particuliers ou aux entreprises, et encore le financement participatif par équité. Dans cet article, nous allons approfondir l’un des plus populaire : le sociofinancement avec récompense. Dans ce cas, les donateurs reçoivent une contrepartie en échange de leur don.

 

En 5 étapes, voici les questions à vous poser afin de préparer le lancement d’une campagne de financement participatif à succès.

 

1. Qui va contribuer à mon projet?

 

Une erreur fréquente des entrepreneurs qui utilisent le sociofinancement est de penser que, parce que leur projet est bon, tout le monde va vouloir y participer. Malheureusement, cela ne se fait pas automatiquement. Il faut mettre en place une véritable stratégie de communication.

 

Pour cela, vous devez dans un premier temps connaître vos contributeurs. Contrairement à certaines idées reçues, une campagne de sociofinancement s’appuie très souvent sur les personnes proches de vous : votre famille, vos amis, vos collègues… Tout ceux qui vous connaissent et qui sont prêts à soutenir votre projet dès la première heure. Ils représentent les personnes qui vous permettront de démarrer le buzz : les commentaires et avis positifs de votre entourage sur vos canaux de communications qui auront un effet boule de neige sur vos connaissances ainsi que sur les amis de vos amis. Ces derniers sont vos relais d’influence, ils contribueront à faire grossir votre base de fans et à atteindre votre dernière cible. Cette dernière représente l’ensemble des gens qui ne vous connaissent pas, mais qui auront entendu parler de vous par les relais d’influence ou grâce à la communication sur votre campagne.

 

Cercles
Ces trois « cercles » sont interreliés; on ne peut pas conquérir l’un tant que le précédent n’est pas mobilisé. Votre premier objectif est donc établir une chaîne de confiance. Pour cela, il faut bien assimiler les différents intérêts de chacune des cibles et ne pas hésiter à faire marcher son carnet d’adresse. Ainsi, votre réseau est votre plus grand atout dans la réussite de votre campagne. C’est pourquoi il est conseillé d’avoir une base solide de contacts et de fans avant de vous lancer.

 

 

2. Comment présenter mon projet?

 

Afin de donner envie à votre public de s’impliquer, votre projet doit être compris et doit intéresser.

 

Cela commence en expliquant le but de la campagne de financement et le projet en lui même. Les mots d’ordre : clarté et concision. Avec plus de 18 000 campagnes canadiennes uniquement sur Kickstarter depuis 2010, vous vous positionnerez en concurrence avec de nombreux autre projets de qualité, d’où l’importance de se démarquer.

 

En sociofinancement, une image vaut milles mots : la vidéo s’avère donc un moyen très efficace de présenter son projet. Selon les études de la plateforme Fundo, une vidéo augmenterait les chances de réussite d’une campagne de 75%! Cela peut s’expliquer notamment par le fait qu’elle permet de mettre un visage sur l’initiative. N’oublions pas qu’il faut rassurer les donateurs potentiels. Quoi de mieux que de leur parler directement pour instaurer un lien de confiance et de proximité ?

 

 

3. Comment fixer mon objectif de collecte?

 

La plupart des plateformes de sociofinancement demandent que vous formuliez un montant à atteindre. Il est essentiel de bien faire le calcul et de prendre en compte l’intégralité des dépenses liées au projet. N’oubliez pas notamment les coûts d’utilisation de la plateforme.

 

Bien entendu, vous devez avoir confiance en votre projet, mais il faut également rester réaliste! En 2012, en moyenne, seulement 50% des campagnes atteignaient leur cible (1). La plateforme Ulule précise d’ailleurs que plus l’objectif est élevé, plus il s’avère difficile de l’atteindre.

 

Il est parfois même avantageux d’y aller étape par étape et de fractionner son projet en plusieurs campagnes de financement. En effet, une fois une première campagne réussie, vos donateurs auront établi un lien de confiance avec votre produit, votre service ou votre marque. Cette première campagne vous aura permis de vous familiariser avec les outils et de vous rendre compte des enjeux. Vous pourrez ainsi maximiser l’impact des suivantes!

 

 

4. Comment choisir sa plateforme?

 

Uniquement au Canada, il existe près de 45 plateformes de sociofinancement… Pour vous y retrouver et choisir celle qui vous convient, vous devez en comprendre les différences, leurs avantages et leurs inconvénients.

 

Votre projet a-t-il un impact local ou international? 

Au Québec, une campagne visant un public francophone et local, peut s’orienter vers des plateformes comme La RucheUlule ou Haricot. En revanche, elles n’auront qu’une faible portée pour les projets d’ambitions internationales.

 

Les plateformes peuvent avoir des portées différentes : Kickstarter, Indiegogo ou GoFundMe ont une envergure internationale

et s’orientent davantage vers un public anglophone. Aussi, elles ne sont pas forcément avantageuses si le projet que vous souhaitez développer cible un impact régional, ou local, et qu’il touche un public principalement francophone. Cepe

ndant, elles bénéficient d’une bonne notoriété et d’un trafic important.

 

Il existe également de nombreuses plateforme qui se spécialisent dans des domaines : GoFundMe supporte essentiellement des projets individuels et de charité; Kisskissbank se positionne comme soutenant les « projets créatifs », FrontFundr sur le démarrage d’entreprise, Fig sur les jeux vidéos, etc.

 

N’hésitez pas à prendre le temps de magasiner! Le Fond des médias du Canada propose notamment une liste des plateformes accessibles aux canadiens.

 

Plateformes

Vous aurez ensuite à faire un choix entre deux modèles de financement :

  • Le tout ou rien : Si l’objectif n’est pas atteint, les donateurs récupèrent leur argent.

Cela signifie que si la campagne ne porte pas ses fruits, aucun montant récolté n’ira dans votre projet et l’argent que vous aurez dépensé pour la promotion et pour la mise en ligne ne vous sera pas rétribué. Le risque est donc de perdre au change… d’où l’importance de se fixer un objectif réaliste !

  • Flexible : Vous percevez les fonds amassés même si l’objectif n’est pas atteint.

Dans ce cas de figure, c’est la plateforme et les donateurs qui prennent le plus de risques. Vos cibles seront plus frileuses et participeront moins, car en cas d’échec de votre campagne, non seulement elles ne verront pas votre projet s’accomplir, mais leur argent ne leur sera pas remis. Généralement, la plateforme choisie chargera également des frais plus important que si elle utilisait un modèle tout ou rien pour amortir les risques.

 

 

5. Quel investissement dois-je prévoir?

 

Pour qu’une campagne fonctionne, il s’agit d’investir du temps et de l’argent pour la soutenir!

 

Les réseaux sociaux représentent un outil très important tout au long du processus. Il faut créer des pages sur son organisation ou son projet avant de vous lancer, afin de bénéficier de leur visibilité. Ils vont également permettre aux donateurs d’être tenus au courant de l’évolution de la campagne, ce qui représente un point important pour qu’ils continuent à vous soutenir. Des remerciements réguliers et des informations sur chacune des étapes qui ont été atteintes ne sont jamais perdus.

 

Pour motiver vos publics à donner, pensez également à offrir des récompenses ou des avantages qui prendront la formes d’invitations à des événements, d’échantillons gratuits, ou simplement de remerciements par courriel. Beaucoup de campagnes de sociofinancement livrent malheureusement ces récompenses en retard, parfois même pas du tout. C’est pourquoi il est conseillé de choisir des modes de récompenses faciles à livrer.

 

Attention, prévoyez par avance les frais de livraisons et les coûts associés pour éviter les mauvaises surprises ! 

 

 

Quelques astuces supplémentaires

Créez plusieurs catégories de récompenses pour récompenser équitablement les plus ou moins gros donateurs. La plateforme Haricot suggère un minimum de 3 familles de récompenses. De plus, n’hésitez pas à tenir des événements spéciaux pour créer un lien avec vos fans, et éventuellement générer de nouveaux dons sur place.

 

Soyez créatifs, cela pourra jouer en votre faveur! 

Même si l’investissement s’avère grand et parfois épuisant, il ne faut pas relâcher la cadence. Les derniers jours de la campagne sont souvent décisifs : c’est le moment de redoubler d’efforts pour engager de nouveaux dons et ne perdre aucune opportunité pour atteindre votre objectif.

Les campagnes de sociofinancement demandent donc un travail important en amont ainsi qu’en aval – et parfois des nuits sans sommeil – pour être efficaces. Aussi, avant de se lancer tête baissée, il est important de prendre le temps de s’informer sur le sujet, et de ne pas hésiter à chercher de l’aide auprès de professionnels.

Bien que ce soit une expérience éprouvante, c’est aussi une aventure stimulante durant laquelle il ne faut pas oublier de prendre du plaisir !

 

 

Pour vous préparer, voici quelques pistes :

L’École des entrepreneurs du Québec propose des ressources pour bien réussir sa campagne de sociofinancement grâce à des ateliers, des conférences et de l’accompagnement.

 

Pour un portrait du sociofinancement au Canada, cliquez ici.