À peine quelques mois après avoir lancé Qantu, une marque de chocolat fins fabriqués à Montréal, Elfi Maldonado et son mari Maxime Simard, deviennent triple médaillés d’un prestigieux concours international, le Academy of Chocolate Awards 2017 de Londres.
Parmi plus de 900 échantillons de chocolats testés lors du concours, ils raflent deux médailles d’or et une d’argent.
C’est 3 prix pour 3 produits présentés : pas mal!
Petite histoire d’une idée devenue une fusée…
Elfi Maldonado et Maxime Simard, fondateurs de Qantu chocolats.
4 variétés de chocolats fabriqués par Qantu
Les débuts : voyage voyage!
Plusieurs entrepreneurs nous racontent que ce sont des voyages ont inspiré leur idée d’entreprise. C’est le cas de Maxime et Elfi.
« Ça fait longtemps qu’on parlait de faire du chocolat, raconte Elfi. En 2013, on décide de visiter Alto el Sol en Amazonie au Pérou, mon pays natal. On avait ciblé cette zone de culture du cacaoyer pour explorer la matière première de notre idée d’affaires. »
Le retour de la jeune ingénieure au travail a été pénible. Elle manquait de motivation. « Je me sentais différente. Je me demandais ce que je faisais là. »
Le couple se met alors à explorer l’univers du chocolat, à en goûter les nuances infinies, à le démystifier, à apprendre. « On a découvert tout un monde! On est même allés au Vietnam, là où se cultivent les grains de cacao d’une marque française très réputée. »
Elfi entend aussi parler d’une foire internationale de chocolat au Pérou. Après quelques recherches et appels, elle réussit à obtenir une subvention du gouvernement du Pérou pour participer à ce salon tenu à Lima. Elle y rencontrera des chocolatiers du monde entier.
Faire le saut : un déclencheur
« Au retour de mon premier voyage, mon employeur me demande d’être relocalisée sur la Rive-Sud. Je n’en avais aucunement envie. J’ai refusé : l’emploi a pris fin. Mon mari a toutefois décidé pour le moment de garder son emploi, ce qui nous permet de maintenir un bel équilibre. »
C’est aussi à ce moment qu’Elfi entreprend la formation Lancement d’une entreprise dans le cadre de la Mesure de soutien au travail autonome qui permet à l’entrepreneure de recevoir un soutien financier.
« Je n’avais aucune idée par où commencer. J’ai fait mon étude de marché au SAJE. Les tendances en Amérique du Nord montrent que les gens recherchent de plus en plus des produits fins et spécialisés, comme on le voit dans le café notamment. Les chiffres étaient derrière moi. La formation m’a aidée à me mettre dans l’action aussi. Commencer à produire et vendre plus vite. Sinon j’aurais attendu que mon emballage soit à mon goût, que mon local soit installé, pour commencer à vendre. »
Elfi achète le matériel pour torréfier et mélanger à partir de la maison. Elle fabrique même une machine pour enlever les écailles des grains de cacao avec des indications lues sur le web. Système D quoi!
« Je suis allée notamment dans une boutique d’épices et produits fins que j’adore pour proposer mon chocolat. Ça été un vrai test pour moi de voir s’ils allaient accepter de le vendre. Cette petite victoire m’a beaucoup donné confiance. »
Valeur ajoutée : qualité et engagement
« On a décidé de se positionner dans le cacao non conventionnel, le « bean-to-bar » (de la fève à tablette) c’est-à-dire sans tout le processus de transformation industrielle mais plutôt un procédé artisanal. Lors de la foire du cacao à Lima, j’ai rencontré des producteurs de variétés de cacao ancestrales. Il y a une richesse d‘espèces de fèves de cacao rares au Pérou. J’ai trouvé par exemple le cacao blanc Gran blanco, dont l’intérieur est pâle. J’en ai fait un produit. Oui, mes grains coûtent chers mais en même temps, c’est un gage de qualité. Et c’est aussi un engagement envers les communautés au Pérou qui le produisent. »
En effet, les deux entrepreneurs s’engagent pour la biodiversité en soutenant la production de cacaos natifs à des prix basés sur la qualité. Par ce fait, ils aident aussi à augmenter la visibilité de ces petits producteurs.
Se défier grâce à des concours
« Notre chocolat nous plaît et plaît à notre entourage mais nous voulions avoir un feedback impartial de personnes loin de nous. Dans ce concours international, notre chocolat allait être comparé avec d’autres de partout au monde. Ça nous permettait aussi de situer notre chocolat par rapport à la compétition. »
En plus des investissements de voyages préalables, le couple a dépensé un total d’environ 500$ pour le concours lui-même. Ce n’est pas tant, considérant qu’ils ont remporté des mentions honorables. Parfois les entrepreneurs hésitent à investir. On le comprend : chaque dépense compte! Celle-ci s’est avérée un réel investissement.
Les retombées de ce concours sont déjà tangibles : plusieurs personnes ou entreprises ont montré de l’intérêt pour acheter les produits Qantu. Elfi a aussi fait parution dans les journaux péruviens : plusieurs producteurs de cacao font appel à elle pour faire évaluer leurs fèves de cacao. Au niveau local, leur notoriété a le vent dans les voiles, donc ce sont encore plus d’arguments pour contacter les boutiques, aujourd’hui davantage réceptives à leurs produits.