Ce mois-ci, nous vous présentons Shanat Martin, Fondatrice de Happiness Society.
Enchantée Shanat ! Faisons connaissance, qui es-tu ?
Bonjour ! Mon nom est Shanat. Je suis la fondatrice de Happiness Society.
Je suis quelqu’un qui cherche toujours à remettre en question ce qui existe. Puis à travers mon histoire, j’ai, un peu comme tout le monde, été confrontée à des enjeux qui m’ont amené à vraiment me questionner sur comment je prends soin de moi.
En fait, il y a une dizaine d’années, j’ai vécu une période assez intense et challengeante qui m’a amenée à être hospitalisée. Les personnes qui m’ont aidé ont été entre autres les thérapeutes de la médecine alternative. De plus, j’ai aussi toujours eu cette recherche de quête de sens un peu à l’intérieur de moi, donc à un moment donné, j’ai vraiment eu envie de contribuer et de redonner à ces personnes qui m’avaient beaucoup apporté pendant mon cheminement.
Comment est né Happiness society, peux-tu nous parler de son histoire et sa mission ?
En fait, j’ai un background en marketing-communications et quand j’étais en école de commerce, le mémoire que j’avais fait était au sujet de l’utilité de la marque ; donc j’ai toujours été intéressée par cette notion de comment est-ce que les marques et les entreprises peuvent faire des ventes, mais aussi avoir aussi avoir cette dimension d’utilité sociale au-delà de leur modèle d’affaires traditionnel.
Puis, quand je suis arrivée à Montréal, j’ai trouvé un super job, dans une superbe entreprise, mais au bout de deux ans, mon poste a été coupé et, en parallèle, ça faisait quelques mois que je me questionnais aussi sur est-ce que je suis toujours à la bonne place, parce que mon utilité diminuait de jour en jour. Tout cela m’a amené à justement réfléchir à comment est-ce que je peux utiliser mon expertise, en communications et marketing et la lier en fait à ce qui donne du sens pour moi au quotidien, qui est vraiment en lien avec prendre soin de soi, le mieux-être le bien-être.
Ces expériences m’ont fait comprendre qu’il y a des personnes qui sont fabuleuses, qui œuvrent pour amener plus de mieux-être auprès des gens; des personnes qui sont passionnées et en même temps qui, parfois, ne trouvent pas les mots pour exprimer ce qu’elles font, de la bonne façon. Donc je me suis dit que j’allais mettre mon expertise à leur service pour que, par effet boule de neige, je puisse contribuer à mon niveau, à démocratiser l’accès au mieux-être, qui est la mission de Happiness Society.
J’ai vécu toute cette phase de syndrome de l’imposteur. Le plus facile pour moi c’était vraiment un à un en accompagnement individuel. J’ai vraiment une approche holistique de la stratégie, du marketing, des communications, qui met vraiment l’être au cœur de tout, car je pars du principe qu’une entreprise n’est pas le but final ; une entreprise est une façon de contribuer ; une entreprise doit s’adapter à notre vie et non l’inverse.
Et donc pour moi, cette démarche est vraiment au cœur, parce que je m’intéresse vraiment à la personne, sa vision idéale, comment est-ce que son entreprise s’intègre là-dedans puis de là, il y a son message qui peut être diffusé de la bonne façon.
Pourquoi l’entrepreneuriat ?
Je pense que, parfois, on idéalise le lancement en entrepreneuriat. Moi, j’aime ça partager que je n’avais pas prévu de me lancer en entrepreneuriat. Le fait de quitter mon ancien travail m’a amené à partir à mon compte. Mais au tout début c’était juste de la communication pour mon ancien employeur. Puis en même temps, je me suis engagée dans la démarche avec l’École des entrepreneurs du Québec pour réfléchir plus en profondeur à ce que j’ai envie de faire de différent qui apporterait le sens que je cherche, en fait.
As-tu fait face à des enjeux et/ou difficultés durant ton parcours entrepreneurial, et si oui, lesquel(le)s ?
Oui, j’ai fait face à plusieurs enjeux ! Je pense que, l’une des choses qui a été la plus difficile c’était d’oser créer quelque chose qui sort de ce qu’on voit d’habitude, dans le sens où: j’ai quand même créé initialement une entreprise, si on regarde les codes du registrariat des entreprises, de conseil en communication, mais qui s’appelle Happiness Society. Je trouve que ça illustre un petit peu la difficulté que j’ai eue en me questionnant sur « tu veux faire quelque chose en communication, mais tu veux l’appeler comme ça, ça ne fait pas de sens ». Donc ça a été un enjeu vraiment de s’autoriser à se dire « je comprends que ce n’est pas logique, mais c’est ce que j’ai vraiment envie de faire, même si ce n’est pas le choix le plus rationnel du monde ». Pour moi le choix rationnel aurait été de démarrer une agence de communication, moi-même ce sont des choses que j’avais apprises; ton nom d’entreprise est censé être descriptif, il est censé permettre aux gens de comprendre ce que tu fais assez rapidement, il est censé être facile à retenir, il est censé parler aux gens sans que tu aies besoin d’expliquer de quoi il s’agit. Puis Happiness Society ce n’est pas du tout un nom qui dit « agence de communication » en gros. Ça ne rentrait pas dans les critères logiques de sélection d’un nom d’entreprise. J’ai vraiment exploré tous les noms possibles, mais j’ai dû me rendre à l’évidence que c’était ça!
Le deuxième enjeu, c’est le fait d’oser se faire confiance, dans le sens que c’est quand même nouveau, que même si on a une expertise de plusieurs années dans notre domaine phare, la façon dont on va délivrer notre expertise change. Ce sont quand même de nouvelles règles du jeu à apprendre, ce qui peut être déstabilisant. Et donc oser se faire confiance dans ce contexte-là, c’est un challenge. Par exemple je me suis posé la question; au début je servais les personnes indépendamment de leur genre. Ainsi, je m’adresse principalement aux femmes puis les personnes qui ne sont pas des femmes, qui viennent vers moi, sont des personnes qui ont vraiment une énergie avec laquelle je peux travailler facilement, car dans la façon dont je m’adresse aux gens, j’attire ces personnes-là.
Un autre frein a été la démarche d’immigration, qui a fait qu’il y avait beaucoup de programmes d’aides, subventions, auxquels je ne pouvais pas postuler (par exemple OSEntreprendre) du fait que je n’avais pas la Résidence permanente.
Quelles sont tes forces comme entrepreneure – puis qu’est-ce que tu veux travailler?
Je pense qu’une de mes forces c’est de remettre en question. Une éternelle remise en question. Je pense que c’est une force, même si parfois on le voit comme quelque chose qui peut nous nuire. Je trouve que, dans le contexte entrepreneurial, ça devient particulièrement une force parce qu’on doit toujours s’ajuster, se repositionner. On est humains, fait qu’on a toujours des réflexions qui changent, qui évoluent. Donc, accepter de remettre ça en question et voir ou ça nous mène, c’est important, pour ne pas juste être en réaction, mais aussi être vraiment prêtes à faire les changements qui doivent être faits.
Puis, quelque chose que j’aimerai améliorer, il y en a deux qui me viennent; en premier, c’est la résilience, aller encore plus dans la résilience de justement quand les choses ne se passent pas comme prévu, les mini deuils à faire en chemin, les choses qu’on avait planifiées puis qui finalement tombent à l’eau, les choses qu’on n’avait pas planifiées, mais qui arrivent et qui nous déstabilisent, même si ce sont de belles choses.
Puis en deuxième, c’est vraiment de se détacher du regard des autres dans nos choix, personnels et entrepreneuriaux. Donc de ne pas faire quelque chose parce que c’est ce qui est attendu, parce que c’est ce qui paraîtrait être la meilleure chose d’un point de vue extérieur, mais vraiment le faire indépendamment de ça.
Je me questionne tout le temps sur ce qui me plaît dans l’entrepreneuriat : quelle est la place de l’entrepreneuriat dans ma vie en général ? Je suis arrivée à la conclusion que l’entrepreneuriat c’est un moyen pour moi de contribuer à la communauté. De manière très concrète, au bout de cinq ans, j’ai vraiment eu une belle stabilité financière, je travaillais vraiment fort puis il y a eu la pandémie et je suis devenue maman. Fait qu’à travers ces cinq années-là il y a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup de transformation.
As-tu un conseil pour les entrepreneures en devenir, un petit mot de fin ?
Oui j’en ai un! (Rires) Il est très actionnable, je pense. Je pense que, la prochaine fois que vous vous posez une question, il va y avoir une réponse qui va venir, ça va être « je devrais faire ça ». Moi mon invitation, ce serait vraiment de leur dire d’aller à l’encontre de ce qu’elles devraient faire puis d’aller vraiment juste sur ce que vous avez ENVIE de faire. Ce serait vraiment ça, je pense, l’invitation que je lancerais. Pour sortir un peu du statu quo puis de vraiment se connecter à ce vous aimez. Parce que je trouve qu’en entrepreneuriat, si tu essaies de te conformer, tu perds toute ton authenticité. Puis en général ce ne sont pas non plus les histoires à succès, au contraire, puisque les histoires à succès il y a une certaine authenticité.
Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour cette année ?
Qu’est-ce qu’on peut me souhaiter pour cette année… je pense que c’est vraiment de naviguer avec sérénité. C’est vraiment poétique! (Rires)