Enchantée Elfi! Faisons connaissance, qui es-tu?

Bonjour! Mon nom est Elfi. J’ai déménagé du Pérou au Québec pour l’amour : l’amour de ma vie! Maxime c’est mon mari ; on s’est rencontrés au Pérou il y a 17 ans puis on a décidé de déménager pour nous établir ici, fonder notre famille ici.

Je voulais être plus indépendante aussi, mais la nostalgie pour mon pays était toujours présente donc j’y voyageais deux fois par année. J’ai travaillé un peu ici dans mon domaine, moi qui suis ingénieure de formation. Mais si je dois résumer ça : Elfi c’est une Péruvienne qui a déménagé au Québec pour l’amour de sa vie, mais grâce à la nostalgie pour son pays, j’ai décidé de matcher un peu la famille au Québec et mon amour pour le Pérou, de chercher un projet et par la magie ça a été le chocolat. Je ne regretterai jamais d’avoir fait tout ce parcours, ça n’a pas été facile, mais je suis très heureuse !


Comment est née Qantu, peux-tu nous parler de son histoire et sa mission?

Avec Maxime, lors de notre 2e rencontre, nous parlions déjà de nos plans. Je parlais beaucoup de mon souhait d’être indépendante, d’avoir ma propre entreprise. Je viens de parents et grands-parents entrepreneurs aussi, j’ai beaucoup aimé ce côté-là. Mais pour moi, c’était quelque chose en génie, en transport. Maxime me disait en rigolant « ou dans le chocolat?! ». On n’en a pas reparlé après, mais c’est resté dans ma tête. Une fois rendus ici, on s‘est rendu compte que nous étions très « foody », on parle toujours de manger, on parle toujours de bouffe ! (Rires) Ce n’est pas juste manger, mais on veut savoir d’où ça vient, qui l’a fait, c’est quoi l’histoire derrière cela. 

Je ne connaissais pas le chocolat ; le premier chocolat que j’ai goûté c’est durant mes 24 ans, lorsque Maxime m’a fait découvrir les truffes que lui-même avait fait avec du chocolat d’ici. Ce n’était pas quelque chose qui rentrait dans ma culture de consommation personnelle. Maxime avait son budget hebdomadaire de chocolat, lui! J’étais curieuse quand même. Puis un jour j’ai vu une grande boîte « Alto el sol Pérou », j’ai apprécié puis lors de l’une de nos visites au Pérou nous sommes allés voir à quoi ressemblait l’entreprise, faire connaissance. Ma vie se divise en deux; avant ce jour-là, le 14 août 2014, 3 jours avant mes 30 ans, puis après ce jour-là. 

J’ai compris tout le travail qu’il y a en arrière et plus que ça, c’était la connexion avec ces gens, que je n’avais jamais vus de ma vie, qui n’ont rien à voir avec ma famille. Le contact immédiat, la chimie, comme si on se connaissait depuis toujours… C’est là qu’on a trouvé la mission. Je trouve que les entreprises ont besoin d’une mission, pas juste faire de l’argent. Il faut en faire bien sûr, mais c’est avant tout quelque chose qui doit nous passionner tous les jours. Lors de notre visite chez Alto el sol, ils nous ont montré leur cacao, de haute productivité, ainsi qu’un autre cacao en voie de disparition, qui est de tradition ancestrale, qu’on appelle « natif ». Il y en a très peu contrairement au cacao de haute productivité : 150 kg par hectare comparé à 3500 kg par hectare. La différence de saveurs est incroyable. Alors nous avons voulu savoir qui le produit et où peut-on en trouver. Et c’est ainsi que l’aventure Qantu a commencé. 


Pourquoi l’entrepreneuriat?

Je suis née dans une famille d’entrepreneu.r.e.s : mes grands-parents, mes parents… Je voyais la flexibilité puis la joie que ma maman avait avec ses client.e.s. En ce qui me concerne, j’ai étudié le génie. Je voulais être employée, faire de l’argent assuré, mais tout en me disant qu’une fois que j’aurai suffisamment d’argent je pourrai me lancer, risquer, avoir une entreprise. Mais c’est sûr que ma formation en ingénieure ne me donnait pas assez d’outils pour être entrepreneure. C’est pour ça que j’ai pris la formation du SAJE à l’époque ; cela m’a énormément aidé à structurer mes idées, à comprendre comment vendre, quoi vendre, à quel prix vendre. Je pense qu’être entrepreneure c’est être humaine, ça c’est la partie sensible, mais aussi il faut être à l’aise avec les chiffres.

Peu de temps après le retour du Pérou que j’ai mentionné plus haut, il s’avère que j’ai perdu mon travail. La grande question, ça a été est-ce que je recommence dans mon domaine, ou est-ce que finalement on tente de réaliser notre rêve et lancer notre entreprise. On a décidé de foncer. 

Notre envie c’était de créer une entreprise qui met en valeur des variétés ancestrales de cacao ; on voulait faire goûter au monde, on voulait faire apprécier le chocolat aux gens de la même façon qu’ils apprécient une bouteille de vin. On voulait faire découvrir et apprécier aux gens d’autres goûts que ce qu’on trouve en épicerie, en allant plus loin que juste « Trade » et « Bio » qui est la base. On voulait aller plus loin, vers le gustatif, vers l’émotionnel, faire découvrir les autres saveurs, les autres côtés aromatiques du cacao d’Amérique latine. Cette aventure m’a permis aussi de redécouvrir mon pays. Il y a d’ailleurs des études qui confirment que le Pérou est la source d’origine du cacao. 


As-tu fait face à des enjeux et/ou difficultés durant ton parcours entrepreneurial, et si oui, lesquel(le)s?

Oui, c’est toujours la croissance! Quand nous sommes passés de notre petit local de 400 pieds carrés, à un grand investissement pour un grand local dont il y avait toute la rénovation à faire, ça a été la partie la plus difficile. Il y a eu des moments où j’ai eu envie de tout lâcher, pas les chocolats, mais la croissance, parce que chaque jour on perdait de l’argent (c’était à l’époque du covid). À l’époque du covid, il fallait faire des plans, puis les faire approuver par la ville, mais la ville n’était pas disponible, tout prenait quatre fois plus de temps. On avait payé un an de loyer pour le local sans même l’utiliser, il y avait beaucoup de retard, pour le plancher, pour le plafond, etc. Ça a été la partie la plus difficile, mais, à la fois, la covid nous a donné beaucoup de ventes, car les gens ne se payaient plus de voyages, ne se payaient plus de soirées resto, mais ils achetaient du chocolat! (Rires)

Aujourd’hui on cherche à investir encore plus, mais on sait à quoi s’attendre ; on a trouvé notre équilibre dans la croissance et sa gestion.


Quelles sont tes forces comme entrepreneure – puis qu’est-ce que tu veux travailler?

Dans les forces, je pense que c’est l’authenticité pour tout ce que l’on fait. J’essaie de rester authentique et honnête dans tout ce que l’on fait pour notre compagnie. Je pense que je suis l’âme de mon entreprise. Une des plus grandes forces et fiertés de Qantu aussi, c’est que l’on est une des seules entreprises d’Amérique du Nord qui importe le cacao directement des coopératives de producteurs. 

En ce qui concerne les choses à travailler, comme je disais à ma coach du programme FAIR.E que je suis en ce moment, c’est la force de vente. Cela fait 7 ans que l’on vit grâce au prestige, c’est le prestige qui nous fait avancer, ce sont les gens. C’est sûr qu’on effectue nous-mêmes le marketing, la communication et les réseaux sociaux, mais on n’a jamais fait de prospection ou peut-être que j’ai fait 10 appels en tout, en 10 ans. Dont un pour le comité Soutien aux travailleurs autonomes à l’époque. À part cela je n’ai jamais fait de démarche, c’est vraiment le bouche-à-oreille, le prestige qu’on gagne. Nous existons dans de super belles boutiques dans le monde : Lille en France, San Francisco… Comme ce sont de belles boutiques, souvent dans des villes qui dictent la mode et les tendances, alors ça nous a beaucoup aidé.


As-tu un conseil pour les entrepreneures en devenir, un petit mot de fin?

Il faut foncer! Si on a un projet, il faut foncer à 100%. Il faut croire en notre projet et il faut avoir les outils de gestion, de comptabilité, etc.

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter à toi pour cette année?

La chose que je ne veux pas qui change dans ma vie, avant tout, c’est la joie. Qu’on soit toujours aussi heureux de faire du chocolat ; je pense qu’on le transmet dans le produit. Je veux que ce soit toujours un bonheur de parler de mon produit, car, je le vois même dans mon pays et auprès de mes confrères chocolatiers, il y a parfois beaucoup de stress. C’est sûr qu’il faut vendre plus, mais si les ventes te stressent… Je ne veux pas ça dans ma vie d’entrepreneure. Je veux être heureuse de partager. Oui il faut vendre, mais toujours avec la joie! Cependant la comptabilité est quand même un stress pour nous, on est désorganisés sur ce point! (Rires)