Achat d’entreprise : EBITDA un mythe ?

L’article qui suit à été rédigé par Yvon Rudolphe, chef de division Groupe-Conseil chez NAI Commercial. Pour bien appréhender cet article, on va revenir sur deux notions que les repreneurs d’entreprises doivent connaître : EBITDA et BAIIA.

EBITDA est une abréviation de Earnings before interest, tax, depreciation and amortization. C’est un calcul du résultat opérationnel d’une entreprise. Il s’agit du bénéfice opérationnel d’une société, excluant les éléments qui ne sont pas directement en rapport avec l’activité (financement de l’entreprise, politique d’amortissements…).

 

BAIIA (Bénéfices avant intérêts, impôts et amortissements) peut servir à déterminer la valeur d’une entreprise.
Voici l’article de Rudolphe qui met en lumière ces notions et leur usage. À prendre avec des pincettes.

 

Plusieurs intervenants œuvrant auprès des PME tels les courtiers, comptables et directeurs de comptes commerciaux, utilisent fréquemment un multiple de l’EBITDA ou BAIIA pour déterminer la valeur d’une entreprise.

En effet, la notion d’un multiple de l’EBITDA arrive irrémédiablement sur le tapis quand il s’agit de l’estimation de la valeur d’une entreprise que ce soit pour des fins d’acquisition, de fusion, de vente d’actions ou même de disposition fiscale. C’est l’évidence même, ce multiple de parité doit être utilisé avec précaution. En voici les raisons :

 

  • Premièrement, le BAIIA n’est souvent jamais normalisé et rajusté. Par conséquent, il ne tient pas compte de la valeur des immobilisations et de ses conséquences sur les flux monétaires. De plus, si nous ne faisons pas de rajustements et normalisations, par exemple, sur les salaires et sur l’étude du fonds de roulement, des distorsions importantes quant à la valeur peuvent survenir.
  • Deuxièmement, ce multiple sert principalement à comparer les entreprises entre elles. Il est le plus souvent utilisé pour des entreprises cotées à la bourse. Par conséquent, il est peu adapté au marché privé.
  • Troisièmement, le BAIIA, normalisé et rajusté par un multiple, nous donne une indication de la valeur de l’entreprise et non pas des capitaux propres. D’autre part, le BAIIA normalisé ne reflète pas la structure financière (emprunts, contrats de location et actions privilégiées), les incidences fiscales et les exigences en dépenses d’immobilisations futures.

J’en conclus que la majorité des multiples utilisés sont issus de rumeurs ou de ouï-dire de l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours. Ce type de multiples est utilisé avec trop d’insouciance surtout de la part de personnes qui, souvent, sont considérées comme des gens d’influence.

 

Illustration par l’exemple

Pour bien saisir mon propos, voici un exemple :

Imaginons que vous voulez déterminer la valeur du patrimoine de l’entreprise. Nous devons alors faire l’évaluation des immobilisations, tels l’immeuble, les équipements, les améliorations locatives, les propriétés intellectuelles, etc.  De plus, nous devons établir la valeur des actifs à court terme, la valeur des dettes et obligations, s’il y a lieu, pour en arriver à une valeur nette du patrimoine de l’entreprise. Maintenant, est-ce que cette valeur obtenue représente la valeur adéquate de l’entreprise ? Eh bien non ! Ces éléments ne comprennent pas la capacité de générer des flux monétaires futurs.

C’est exactement comme si on affirmait que la seule valeur d’un être humain n’est que la valeur de ses biens et ne comprend pas sa capacité de générer des revenus futurs ou l’inverse.Cela reflète exactement l’essentiel du débat entourant l’expert en valeur et les différents acteurs qui ne discernent pas les paradigmes des milieux d’affaires.

 

 

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