4 conseils pour transformer votre stress en superpouvoir entrepreneurial !
Et si le stress devenait votre meilleur allié dans notre aventure entrepreneuriale ? Plutôt que de chercher à l’éliminer, pourquoi ne pas apprendre à le comprendre et à l’utiliser à votre avantage ? Le stress, bien géré, peut être un véritable moteur de performance, de créativité et de résilience.
Dans cette page, nous vous proposons de découvrir quatre stratégies pour faire du stress un atout durable : identifier et comprendre nos stresseurs, « hacker » notre réponse biologique au stress, intégrer davantage de travail en profondeur, et stimuler la sécrétion d’ocytocine, l’hormone du lien social. En appliquant ces principes, nous pourrions non seulement mieux gérer la pression, mais aussi en tirer parti pour exceller dans nos projets. Prêt.e.s à transformer le stress en force motrice
Claudia Bélanger
Ésope Leadership
Claudia Bélanger est une formatrice externe École des entrepreneurs du Québec qualifiée. Elle est aussi entrepreneure en tant que cofondatrice d’Ésope Leadership
Stress et entrepreneuriat
Le stress chez l’entrepreneur est rarement passager. Par définition, un entrepreneur est une personne qui aime les défis, se dépasser, et qui pourrait difficilement vivre sans la notion de risque. L’entrepreneur type trouvera toujours une manière de renouveler son sentiment d’aventure. Je crois que la plupart d’entre nous sommes des junkis accros au cortisol et à l’adrénaline. Pas vous?
Dans ce contexte, le bon combat ne semble pas être celui d’éliminer son stress. Cela serait contre nature et entraînerait probablement encore plus de stress.
En tant qu’entrepreneur.e, le véritable défi est plutôt d’apprendre à vivre avec son stress, d’en faire un allié durable. Le stress est une réaction biologique normale qui prépare notre corps et notre esprit à relever des défis importants. Un bon niveau de stress favorise l’attention, la performance et la vigilance, comme l’indique Sonia Lupien, auteure et chercheuse québécoise réputée sur la question.
Tandis qu’un niveau de stress trop élevé provoque un sentiment d’être dépassé, un sentiment de peur ou de panique, un stress trop bas peut entraîner une sous-stimulation et un manque de motivation, ce que tout entrepreneur.e rebute. Il est donc essentiel d’apprendre à identifier son niveau idéal de stress en tant qu’entrepreneur.e. De plus, il est important d’accepter que les personnes avec qui nous collaborons n’ont probablement pas le même seuil de tolérance au stress que nous. En étant une bibitte qui carbure au cortisol et à l’adrénaline depuis probablement longtemps, vous avez développé une forme d’aisance, assez impressionnante, à naviguer dans des contextes stressants.
En reconnaissant que le stress peut avoir un rôle adaptatif, nous pouvons apprendre à l’utiliser comme un moteur de performance et de croissance, plutôt que de le percevoir uniquement comme une menace.
Selon une étude menée auprès de 30 000 adultes aux États-Unis, les personnes qui ont vécu beaucoup de stress l’année précédente, mais qui ne percevaient pas ce stress comme nocif, avaient le risque de mortalité le faible de tous les participant.e.s de l’étude, y compris celles ayant vécu que très peu de stress. Les personnes qui avaient connu beaucoup de stress, et qui croyaient que celui-ci était mauvais pour leur santé, avaient un risque de décès prématuré accru de 43 %. Cette étude démontre l’impact de la perception du stress sur la santé et la longévité (source).
Dans le même ordre d’idée, Crum, Salovey et Achor (2013) affirment que les personnes qui adoptent l’état d’esprit « le stress est bénéfique », présentent une réponse au cortisol plus modérée. Elles seraient également plus ouvertes à rechercher et à accepter la rétroaction pendant les périodes de stress, maximisant ainsi leur capacité à apprendre et à se développer sur le long terme.
Alors, collègues entrepreneur.e.s, je crois que nous devons apprendre à nous générer un discours interne positif lors des périodes les plus stressantes, au lieu de culpabiliser devant le stress que l’on se fait vivre.
En revanche, pour évoluer de manière prolongée dans un cadre de vie stressant, tout en réduisant les répercussions négatives sur sa santé physique et mentale, il est essentiel de se doter d’une solide hygiène de vie et de travail. Comme nous sommes tous et toutes différent.e.s, il importe de développer ses propres rituels et ses stratégies, et surtout, de les maintenir dans le temps. Que ce soit passer du temps avec son chat, pratiquer la poterie, ou écouter Rage Against the Machine en courant le plus vite possible, tant que ces stratégies sont efficaces pour soi et peuvent être intégrées au quotidien. Voici quelques idées dans lesquelles puiser pour enrichir votre propre « hygiène » de gestion du stress.
1) Identifier et comprendre ses stresseurs - Ne pas se mentir!
Reconnaître et nommer son stress favorise une gestion plus efficace de celui-ci. Une étude a démontré, grâce à l’imagerie cérébrale, que lorsque des personnes identifiaient les émotions que leur suscitait le visionnement d’images négatives, leur activité cérébrale passait de l’amygdale (siège de l’émotion) vers le cortex préfrontal (région où se situe la réflexion consciente et délibérée). Ce processus permet donc de suspendre nos réactions automatiques et souvent émotionnelles au profit d’une réponse plus consciente et constructive.
Pour aller plus loin, il est pertinent d’essayer d’identifier ce qui nous menace le plus dans une situation qui nous fait vivre du stress. Pour faciliter cette réflexion, il est intéressant de se référer au modèle C.I.N.É de Sonia Lupien. Ce modèle identifie quatre principaux ingrédients du stress, soit : le manque de Contrôle, l’Imprévisibilité, la Nouveauté et l’Égo menacé. Ainsi, si j’identifie que le caractère nouveau d’une situation me stresse, je peux par exemple appeler quelqu’un qui est déjà passé par là. Si c’est plutôt l’aspect imprévisible d’une situation qui génère du stress, je peux faire un plan A, B ou C. Bref, bien identifier les ingrédients qui composent notre stress nous permet d’agir là où on peut pour en diminuer les effets négatifs.
Il faut apprendre à jaser avec notre stress!
2) « Hacker » sa réponse biologique au stress
Il est possible en quelque sorte de « hacker » sa réponse biologique au stress, soit en augmentant volontairement son rythme cardiaque et respiratoire grâce à l’activité physique ou, inversement, en le réduisant considérablement au moyen d’activités apaisantes telles que la médiation ou le yoga.
En méditant, à titre d’exemple, on envoie le message à notre cerveau qu’il n’y a pas de menace, favorisant ainsi un état de calme.
Pour ce qui est de l’exercice physique, le corps l’interprète comme un moyen de surmonter une menace. Nos ancêtres étaient souvent confrontés à des dangers immédiats et devaient lutter physiquement pour survivre, ce qui faisait du stress un moteur de performance, de survie. Ainsi, après avoir couru 5 kilomètres, notre corps comprend que la menace a bel et bien été combattue et qu’il peut maintenant mettre fin à la réponse de stress.
L’activité physique, tout comme les activités qui favorisent la relaxation, entraîne la sécrétion d’endorphines, un antidouleur naturel qui aide à surmonter le stress.
3) S’autoriser davantage de moments de travail en profondeur
De nos jours, le multitâche est souvent perçu comme un indicateur de productivité. La culture d’hyperconnectivité dans laquelle nous vivons nous pousse à constamment réaliser plusieurs tâches en même temps. Bien que l’idée de maximiser notre temps soit louable, elle a des conséquences. Tout d’abord, alterner notre attention d’une activité à l’autre, tel un jeu de ping-pong, réduit notre efficacité de 40 %. Puis, cela est très exigeant. Le multitâche sollicite énormément notre cerveau, ce qui à long terme accroît le stress et la fatigue. Il n’est donc pas étonnant que, malgré des conditions de travail parmi les meilleures jamais connues, la population soit plus stressée et fatiguée que jamais (Lupien, 2023).
Bon, ok. Bien qu’il soit pratiquement impossible pour un entrepreneur d’arrêter de jouer au ping-pong avec son attention, il est réalisable, pour la majorité d’entre nous, d’insérer des moments de travail en profondeur (deepwork) dans notre horaire. Toujours selon Lupien (2023), le plus beau cadeau que l’on peut faire à notre cerveau, et à son stress, c’est de lui permettre de se concentrer sur une chose, plus longtemps et sans distraction. C’est-à-dire lui offrir un moment d’engagement cognitif. La relaxation n’est donc pas nécessairement l’antidote ultime du stress et de la fatigue générée par l’attention fragmentée. Une partie de la solution réside probablement dans le mode avion de votre téléphone.
4) Stimuler la sécrétion d’ocytocine
L’ocytocine, souvent appelée l’hormone du câlin, est une neurohormone qui agit sur notre cerveau pour affiner nos instincts sociaux et nous pousser à renforcer nos liens avec les autres.
En situation de stress, le corps libère de l’ocytocine, tout comme il libère de l’adrénaline. Contrairement à l’adrénaline, qui prépare le corps à l’action, l’ocytocine nous incite à rechercher du soutien social. Elle nous pousse à parler de nos sentiments, à remarquer quand les autres autour de nous ont besoin d’aide et à les soutenir. En quelque sorte, notre corps nous encourage à ne pas affronter le stress seul, mais à le faire en communauté.
L’un des aspects fascinants de l’ocytocine est qu’elle fonctionne selon une boucle de rétroaction positive par laquelle plus elle est libérée, plus on adopte des comportements qui stimulent sa production. Plus nous vivons des moments de connexion sociale comme passer du temps avec des amis, créer des contacts physiques ou simplement être attentif aux besoins des autres, plus nous libérons d’ocytocine, et plus nous sommes poussés à aller vers les autres. Ainsi, nous renforçons nos liens tout en réduisant les effets physiologiques néfastes liés au stress.
En plus de renforcer nos comportements sociaux, l’ocytocine a des effets bénéfiques sur notre santé physique. Elle aide notamment à protéger le système cardiovasculaire des effets néfastes du stress, en gardant nos vaisseaux sanguins détendus et en contribuant à la régénération des cellules cardiaques.. En fait, lorsque nous recherchons et recevons du soutien social, nous aidons littéralement notre cœur à se guérir des dommages causés par le stress. Le simple fait de tendre la main à quelqu’un ou de recevoir de l’aide amplifie cette libération d’ocytocine, créant ainsi une réponse au stress plus saine et une récupération plus rapide.
Le message ici est clair. Lorsque nous nous sentons stressés, ne nous isolons pas. Recherchons plutôt des moments de connexion avec les autres, car c’est précisément ce que notre corps et notre cerveau souhaitent pour nous aider à mieux gérer le stress. Plus nous développons des relations sociales solides et soutenantes, plus notre corps produit de l’ocytocine, nous protégeant ainsi contre les effets du stress, tant sur le plan mental que physique.
En lien avec la sécrétion d’ocytocine, Kelly McGonigal explique dans son célèbre Ted Talk que même si chaque événement stressant peut augmenter le risque de décès de 30 %, cela ne s’applique pas à tout le monde. Les personnes qui consacrent du temps à aider les autres ne voient pas leur risque de mortalité augmenter en raison du stress. Alors, pourquoi ne pas proposer un geste solidaire, comme aller donner du sang entre amis? Faire du bénévolat ou encore mentorer un jeune entrepreneur?
Conclusion : le stress, un allié
En conclusion, j’aimerais vous inviter, collègues entrepreneur.e.s, à ne plus voir votre stress comme un ennemi à abattre, mais plutôt comme une forme d’excitation naturelle qui reflète notre engagement face à nos défis et à notre vision. Le stress est une réaction biologique normale, conçue pour nous aider à traverser nos plus grands défis. Il peut devenir un moteur de croissance, d’innovation et de performance, à condition de le gérer sainement. Cela passe par l’intégration de pratiques régulières et adaptées à notre quotidien, qui permettent de maintenir l’équilibre et de faire du stress un allié durable dans notre aventure entrepreneuriale.
Bien que nous soyons souvent accros à l’adrénaline et au cortisol, il est bon de se rappeler qu’il est parfois stratégique de ralentir temporairement notre rythme de progression, un peu comme nous le faisons naturellement lors d’un long séjour en plein air. Dans toutes longues expéditions, il est nécessaire de faire des camps fixes, c’est-à-dire de prendre un moment sans progresser, le temps de sécher notre matériel, de traiter nos phlyctènes (ampoules) et de refaire le plein de glucides. Ces pauses ne freinent pas notre progression. Au contraire, elles sont essentielles pour nous permettre de continuer l’aventure longtemps, avec plus de vigueur, et d’accélérer aux moments où cela compte vraiment.
Alors, à quand votre prochain camp fixe? Peut-être en profiterez-vous pour faire du sport, de la méditation, lire un livre en mode avion, voir vos amis ou aider les autres?