Enchantée Martine! Faisons connaissance, qui es-tu?
Bonjour! Mon nom est Martine Forand, je suis fondatrice de Krebs graphisme, une entreprise spécialisée en services graphiques. Je suis femme d’affaires depuis 27 ans et maman de deux grandes filles, qui maintenant ne sont plus à la maison. J’ai retrouvé un peu de temps pour moi, c’est peut-être pour ça que je vis une grande croissance! (rires)

Je suis graphiste, j’ai fait un DEC en graphisme. J’étais un peu échaudée à l’école, un prof m’avait dit que ce n’était pas pour moi, que je n’étais pas dans la bonne branche et que je devais lâcher. Pendant un an j’ai travaillé dans d’autres choses, puis après ça j’ai démarré mon entreprise dans la branche. J’ai été graphiste à mon compte pendant cinq ans, en même temps que j’étais infographiste dans un centre de photocopies. Puis lorsque j’ai eu ma première fille, je ne suis pas retournée travailler. C’est un peu mon parcours!

Comment est née Krebs graphisme, peux-tu nous parler de son histoire et de sa mission?
Ça a évolué avec le temps. Quand j’ai démarré  l’entreprise, je n’avais pas tant de mission, de vision à long terme ; c’était pour me créer un travail tout simplement. Mon père était travailleur autonome ; j’ai donc baigné et grandi dans le monde entrepreneurial. 

Pourquoi j’ai appelé ça « Krebs graphisme »? Auparavant, je cherchais quelque chose qui me représentait vraiment. Je me suis demandé ce qui ne bougerait jamais puis je me suis dit que c’était ma date de naissance. Le nom vient donc de mon signe astrologique en allemand. Je n’ai pas de racine allemande, mais ça sonnait bien! (Rires) 

Sinon pour revenir à la mission, au fil des années elle s’est un peu transformée. Maintenant notre slogan c’est « Humaniser, un design à la fois ». On est beaucoup dans la volonté de faire du design une mission humanitaire. On collabore beaucoup avec les entreprises sur l’éducation, la culture, les organismes, la santé, les fondations, etc. Ce sont vraiment les entreprises avec lesquelles on préfère travailler. On veut que le graphisme et le design aient une raison d’être, pas juste « on fait quelque chose de beau », on veut que ça aille plus loin, on veut humaniser, on veut éduquer, on veut que ça aille plus loin que juste le dessin. 


Pourquoi l’entrepreneuriat?
Je pense que c’est juste mon parcours qui m’a amené vers l’entrepreneuriat. J’avais pris aussi de l’expérience et je voyais que le salaire dans le domaine n’était pas super. Avec un DEC, j’étais payée 8 pièces de l’heure… 

Aussi, j’ai participé à un concours pendant mon congé de maternité, organisé par le Réseau des femmes d’action du Québec. Elles cherchaient un logo, j’en ai fait un puis j’ai gagné. Je suis donc entrée dans le Regroupement et tout s’est aligné. 

Je n’ai jamais cherché de client(e)s, j’ai vraiment bâti l’entreprise grâce au bouche-à-oreille ; je pense que c’est la meilleure façon.

As-tu fait face à des enjeux et/ou difficultés durant ton parcours entrepreneurial, et si oui, lesquel(le)s?
Eh boy! (Rires) Oui c’est sûr. L’argent. En tant que petite entreprise, ce n‘est pas vrai que ça démarre en dedans de 6 mois puis que tu fais ensuite 100 000 par année. J’en connais peu qui ont fait ça. J’ai eu la chance quand même d’avoir un conjoint qui travaillait à temps plein puis qui pouvait me soutenir. Mais l’enjeu c’est vraiment l’argent. Si tu es en situation monoparentale, ça peut vraiment mettre des bâtons dans les roues.

Sinon mon autre enjeu, ça a été le temps. Ma deuxième fille a reçu des diagnostics ; c’est un enfant différent. Avec un enfant différent je n’aurai pas survécu dans une entreprise, ils m’auraient mise dehors. 

Enfin, comme j’expliquais précédemment, je n’ai jamais fait de prospection ni de publicité. Je fais du réseautage, je fais partie de FAIR·E, de ma chambre de commerce, etc. Ce n’est pas naturel pour moi de prospecter. C’est un peu pour ça que, présentement, FAIR·E m’aide beaucoup, car on veut aller chercher des villes et des municipalités ; parce qu’on veut faire des politiques familiales, des bilans annuels, des choses qui servent à instruire autrui. J’ai besoin d’aide pour aller chercher cette nouvelle clientèle cible.


Quelles sont tes forces comme entrepreneure – puis qu’est-ce que tu veux travailler?
Je suis une personne organisée. Ce n’est pas donné à tout le monde, je pense, de travailler à la maison et de ne pas être dérangé. J’ai beau travailler à la maison mais c’est de telle heure à telle heure. Je me pose vraiment un temps de travail comme si j’étais employée. Je pense que j’ai un temps de travail qui se démarque aussi.

Ce que j’ai à améliorer? Je pense que les personnes bilingues ont un plus que je n’ai pas ; je n’ai pas cette facilité-là avec les langues. Donc c’est comme si j’étais limitée au Québec, or j’aimerais m’ouvrir à des provinces anglophones également.

Ce que l’on est en train de travailler aussi c’est le démarchage, la prospection pour trouver de la nouvelle clientèle. Ça ce n’est pas naturel pour moi.

As-tu un conseil pour les entrepreneures en devenir, un petit mot de fin?
À la lumière de ce que mon professeur m’avait dit, je dirais « crois en toi ». Je pense que c’est un bon conseil, mais il ne faut pas forcer les choses non plus. Parfois il faut aussi être lucide et se dire que finalement ce n’est pas pour soi Il faut savoir s’écouter, se respecter. 

Sinon, il est important de s’entourer et de ne pas craindre d’aller chercher de l’aide et des conseils. Je m’inscris dans plein de formations ; c’est important de rester à jour. Pas seulement des formations techniques mais d’entrepreneur(e)s, de pousser plus loin, ne pas avoir peur. Dans la mesure du possible.

Le coaching est aussi bénéfique et développer un bon réseau est d’une grande aide également.

 

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour cette année?
J’ai comme objectif une « méga » croissance. J’ai une deuxième employée qui rentre dans deux semaines, on va être trois ! Je veux que ça grossisse, je suis rendue là. Au début je n’avais pas de vision c’était j’arrête quand j’arrête. Mais là j’ai la vision de peut-être revendre l’entreprise quand ça va être le temps de la retraite. Donc on bâtit sur ça, pour le futur. Je ne voyais pas les choses comme ça auparavant, c’est peut-être l’âge! (Rires) 

Il y a toujours des surprises qui arrivent, mais se fixer des objectifs c’est important.