Rencontre avec Aïcha Djebari, repreneuse de la brocante Chez Aïcha

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Enchantée Aïcha! Faisons connaissance, qui es-tu? 

 

Enchantée! Mon nom est Aïcha. Je suis encore étudiante à l’UQAM, je fais un BAC en gestion des opérations et je vais bientôt être diplômée pour avoir ma licence pour être entrepreneure générale en construction. Je suis fille d’une entrepreneure je tiens ça de ma maman. J’ai grandi en voyant ma mère être entrepreneure et travailleuse autonome. Ce qui vient me chercher et qui m’intéresse le plus au niveau « business », c’est l’aspect environnement donc l’écoresponsabilité, mais aussi l’aspect social. Je trouve ça très important, et ce sont des valeurs qui tiennent à cœur à ma mère et c’est elle qui me les a transmises. Alors que ce soit au niveau de mes projets en entrepreneuriat ou en construction, ce sont deux choses qui me tiennent beaucoup à cœur. 

 

Comment est née la brocante Chez Aïcha, peux-tu nous parler de son histoire et sa mission? 

Quand ma mère est arrivée à Montréal en provenance de Tunisie, elle voyait que beaucoup de gens jetaient des meubles et des articles à la poubelle ; dans notre pays d’origine, ce n’est pas quelque chose de commun, on va plutôt le donner à quelqu’un avant de le jeter. Elle est allée pour se faire enregistrer et ils lui demandèrent : « Quel est le nom de votre entreprise? ». N’ayant aucun en tête, elle dit spontanément : « bon, je vais appeler ça Chez Aïcha ». Donc maman a commencé comme ça, dans des quartiers. Après avoir commencé dans un tout petit local, nous sommes désormais, depuis plus de vingt ans, propriétaires d’une bâtisse sur le boulevard Monk. Ma sœur et moi avons grandi dans l’univers de la Brocante, des antiquités. On faisait chaque été beaucoup de ventes de garages, marchés aux puces, alors on a toujours été là-dedans. 

 

Chez Aïcha existe maintenant depuis, concrètement 22 ans, mais j’écris « depuis plus de 20 ans ». Ma mère est une des plus anciennes commerçantes sur le boulevard Monk, où les commerçant(e)s ferment d’habitude au bout de 5 ans. Elle est donc vraiment connue dans le quartier. Par exemple, quand il y a un(e) nouvel(le) arrivant(e) dans le quartier, qui cherche soit de la vaisselle pour dépanner ou autre chose, tout le monde lui dit « va voir l’antiquaire. Ce sont des gens qui ramènent d’autres gens aussi, c’est vraiment le bouche-à-oreille qui a développé la clientèle.  

 

Pourquoi le repreneuriat ? Avais-tu déjà des compétences entrepreneuriales ou était-ce nouveau pour toi? 

Pendant la pandémie, étant donné que tout était fermé, la boutique de maman aussi, il fallait trouver une alternative pour continuer de vendre. Puis, maman a commencé à vendre en ligne sur Etsy puis on s’est vite rendu compte qu’elle faisait plus d’argent en ligne qu’en boutique.

 

Depuis, on est ouvert que le samedi et étant donné que ça fait sept ans que je travaille dans le domaine de la construction, je voyais le local de1800 pieds carrés sur deux étages et je me disais que ce n’est pas logique d’avoir tout cet espace et de n’ouvrir qu’une seule fois par semaine, quelques heures. Alors j’ai essayé de voir ce qu’on pouvait rajouter comme offre de services et j’ai eu l’idée de rajouter un coin café dans la brocante. C’est une autre offre de service puis ça optimise un peu plus le local. On envisage un coin café, une épicerie, une microlibrairie et un coin atelier. Étant donné que je suis dans le domaine de la construction, je vais faire les rénovations moi-même. 

 

As-tu fait face à des enjeux et/ou difficultés durant ton parcours entrepreneurial, et si oui, lesquel(le)s?  

Oui, comme beaucoup d’entrepreneur(e)s, j’ai rencontré des difficultés à communiquer mes idées novatrices à ma mère, qui est la fondatrice de l’entreprise et qui a assumé toutes les responsabilités. Il est parfois difficile, pour une personne qui a bâti une entreprise de zéro et qui a été impliquée dans tous les aspects de son fonctionnement, d’adopter de nouvelles technologies ou de nouvelles techniques. Au début, je prenais cela personnellement, en pensant que ma mère n’était pas ouverte à l’idée d’utiliser des outils qui pourraient lui faire gagner beaucoup de temps. C’était frustrant pour moi qu’elle ne voie pas les mêmes opportunités que moi (ma vision). Cependant, avec une communication efficace et un peu de patience, elle a finalement accepté certaines de mes idées. 

 

Quelles sont tes forces comme repreneuse, puis entrepreneure – puis qu’est-ce que tu veux travailler? 

Je considère que l’une de mes principales forces réside dans ma capacité de communication et ma facilité d’approche. En tant que personne curieuse de nature, je suis constamment en quête de nouvelles connaissances et je n’hésite pas à reconnaître mes lacunes ou à demander des éclaircissements lorsque nécessaire.

Dans le cadre de mes activités de repreneuse, cette curiosité et cette ouverture d’esprit sont des atouts précieux. J’aborde chaque discussion avec les cédants de compagnies avec un réel intérêt pour leurs expériences, leurs défis et leurs réussites. Je suis consciente qu’il y a toujours quelque chose à apprendre et je suis motivée par le désir de m’enrichir continuellement. Cette motivation transparaît dans mes interactions avec les autres, ce qui crée un climat de confiance et de collaboration propice aux échanges fructueux. 

Mon expérience en tant que superviseure m’a également permis de développer des compétences en leadership et en gestion d’équipe. J’ai toujours été appréciée de mes collègues pour ma disponibilité et mon engagement à aider, que ce soit en tant que superviseure ou en tant que membre de l’équipe. Je suis convaincue que le succès d’une équipe repose sur la solidarité et l’entraide, et je m’efforce toujours de mettre la main à la pâte pour soutenir mes collègues dans l’accomplissement de leurs tâches. 

En résumé, ma capacité de communication, ma curiosité intellectuelle, mon engagement envers l’apprentissage continu et mes compétences en gestion d’équipe font de moi une candidate idéale pour le repreneuriat. Je suis convaincue que ces qualités me permettront de relever les défis avec succès et de contribuer au développement et à la croissance de l’entreprise que je souhaite reprendre. 

 

As-tu un conseil pour les repreneurs en devenir? Un petit mot de fin? 

Effectivement, en tant que repreneuse, il est essentiel de savoir jongler avec différents rôles et responsabilités, que ce soit dans le cadre de la reprise d’une entreprise familiale ou d’une entreprise inconnue. Il faut être capable de revêtir différents chapeaux selon les circonstances, que ce soit celui de l’entrepreneur(e), de l’expert(e), de l’associé(e) ou simplement de la fille ou du fils reprenant l’entreprise familiale. 

En tant que repreneuse, il est nécessaire de savoir adapter son approche en fonction de la situation et de porter le bon chapeau au bon moment. Cela signifie être capable de naviguer entre les différents rôles et de prendre des décisions en gardant toujours à l’esprit les intérêts de l’entreprise. En développant cette capacité à jongler avec les différents chapeaux, nous sommes mieux équipé(e)s pour relever les défis de la reprise d’entreprise et pour assurer son succès à long terme. 

Il est beaucoup plus facile de reprendre une entreprise déjà existante et de l’optimiser que de commencer de 0. Il y a beaucoup plus de compagnies à céder que de repreneurs au Québec. 

 

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour cette année? 

Terminer mon baccalauréat en gestion des opérations et obtenir mon diplôme constitue une étape importante dans mon parcours professionnel. Parallèlement à mes études, je m’investis dans plusieurs projets entrepreneuriaux. En 2024, je prévois lancer un café ainsi qu’une épicerie communautaire, des initiatives qui reflètent mon engagement envers la communauté et mon désir de créer des espaces de rencontre et d’échange. De plus, cet été, je me lance dans plusieurs projets de construction avec mes deux entreprises.

 

C’est un moment excitant où je pourrai mettre en pratique mes compétences en gestion des opérations et contribuer au développement de projets concrets. Toutefois, au-delà de ces réalisations professionnelles, mon objectif principal est de prendre les devants pour permettre à ma maman de profiter pleinement de sa retraite bien méritée. En tant qu’entrepreneure, je suis animée par la volonté de créer un environnement propice au bien-être de ma famille tout en poursuivant mes aspirations professionnelles. 

 

Merci infiniment!