Entrevue avec Maggie Beaulieu-Pelletier
co-propriétaire de la Ferme Pastel et maman.
*Aussi fière entrepreneure formée au Parcours Croissance de notre Campus du Bas-Saint-Laurent.
Bonjour, Maggie, pourrais-tu te présenter?
Je suis Maggie Beaulieu-Pelletier co-propriétaire de la Ferme Pastel, avec mon amoureux Skot Morgan. Je suis floricultrice, j’aime aussi le terme fleuriste de famille. Nous cultivons des fleurs locales et écoresponsables, à Grand-Métis, dans le Bas-Saint-Laurent.
Qu’est-ce qui t’a fait choisir l’entrepreneuriat?
Ça n’a pas été un choix, c’était viscéral! J’étais une bonne employée, mais je n’étais pas bien. Tout le monde est entrepreneur chez nous (ma famille et celle de Skot). J’ai grandi sur la ferme de mes parents. Au départ, je ne voulais pas être à mon compte… je craignais de manquer d’argent. Mais rapidement, j’ai eu le désir de faire les choses à ma manière, à mon rythme avec ma vision. C’était vraiment viscéral ! (rires)
À quel moment as-tu décidé de faire le saut ? Quel a été l’élément déclencheur?
J’ai étudié en travail social jusqu’à la maîtrise. Je travaillais dans mon domaine, dans un demi-sous-sol et j’ai eu une épiphanie : Ce n’est pas ici que je vais changer le monde ! Sur un coup de tête, j’ai laissé mon emploi et je suis partie cueillir des cerises dans l’Ouest canadien, puis j’ai atterri à Saltspring, en Colombie-Britannique, sur une petite ferme.
Moi qui ai grandi sur une ferme de grandes cultures biologiques avec de gros tracteurs, je ne savais pas que c’était possible d’avoir une ferme peu mécanisée, de marcher la propriété sans que ça prenne une journée et de cultiver des fleurs de qualité fleuriste. Je suis doublement tombée en amour : c’est aussi là que Skot et moi, on s’est rencontrés. À partir de là c’était évident qu’on allait avoir une ferme.
De retour au Québec, dans mon coin de pays, on a cherché un terrain, nous voulions être propriétaires de notre terre. Après 3 ans, on a trouvé une parcelle d’un acre et on a acheté en 2020. C’était important pour nous d’être près de mes parents (qui sont à quelques villages de là), mais aussi de Metis Beach, où il y a une communauté anglophone. Skot est albertain, il parle français et joue au hockey donc son intégration s’est faite rapidement. On voulait quand même que les enfants soient immergés dans les deux cultures.
Parentalité et entrepreneuriat
C’est la plus belle chose et la pire en même temps. (rires) L’entreprise demande le meilleur de nous-mêmes et à cela se rattache de grandes responsabilités. C’est la même chose que d’avoir des enfants! Les deux demandent de la détermination, du courage, des sacrifices, c’est LA MÊME CHOSE! Un don de soi pour être au service de plus grand que nous! On veut apporter quelque chose dans le monde et une vision en adéquation avec nos valeurs autant avec notre entreprise que notre famille. J’ai envie que mes enfants apportent quelque chose à la communauté, à l’univers de demain. De notre point de vue, avec l’entreprise, on a trois enfants.
Quelles aptitudes ou compétences te démarquent?
Avoir une vision précise où on s’en va et la partager aux autres. C’est tellement clair pour moi où je veux aller! Pour le « comment on y va », là c’est Skot qui embarque. (rires) C’est lui le maître d’œuvre!
Comme entrepreneure, quelle est ta bête noire?
Définitivement, le temps d’écran et la paperasse poche. Je me débrouille quand c’est un peu artistique et créatif (Instagram ou infolettre), mais sinon… ce n’est pas ma tasse de thé. J’aime encore mieux faire des tâches physiques qui sont monotones, minutieuses, répétitives et interminables (comme transplanter des pousses ou des bulbes 8 h par jour) que de m’éteindre devant un écran.
Comment as-tu évolué comme entrepreneure?
Je pense avoir acquis de la maturité. Avant, mon grand enthousiasme m’apportait aussi beaucoup d’impatience… Je me demandais pourquoi les choses n’étaient pas faites, puis j’ai réalisé que chaque chose se fait en son temps. J’ai aussi mis plus d’attention dans ma gratitude, que je transmets aussi à mes enfants.
Avec une entreprise, tu sais où tu vas, mais tu ne contrôles pas la vitesse. En ce sens, je trouve que plus vite on accepte la réalité, plus vite on se met en mode solution (et non en mode victime). Le meilleur exemple quand on a une ferme, c’est la météo. Avec les changements climatiques, on ne peut plus dire « d’habitude le mois de juillet… ». Il y a maintenant de la grêle en juillet qui a des conséquences désastreuses. L’an dernier on a eu de la canicule et du gel dans la même semaine en automne. C’était inattendu! Il faut se tourner rapidement vers les solutions.
On le sait, être parent apporte son lot de responsabilités et d’imprévus. Comment tu réussis à trouver l’équilibre travail-famille?
On a fondé la famille avant et pendant la pandémie, sans le soutien de notre réseau qu’on aurait eu dans un contexte normal. On a donc développé un bon travail d’équipe parentale. [Bébé 1 est arrivé en 2019, l’achat de l ferme en 2020, puis bébé 2 en 2021]. On a revu les priorités. On s’est réajusté. C’est aussi là qu’on a créé le bar à fleurs qui a changé la dynamique de vente aux clients.
De base, si l’entreprise ne peut pas accueillir un enfant (avec les imprévus que ça comporte), c’est l’entreprise qui doit s’ajuster. On multiplie par 2 le temps requis pour avancer. On ralentit le rythme. Des enfants, c’est souvent malade. Alors on planifie le pépin. On prévoit que dans la semaine, il va sûrement y en avoir une qui sera malade et qu’un des parents doit rester à la maison. On choisit lequel de nous va rester selon les activités de la journée.