Ils sont de plus en plus nombreux. Que ce soit par passion ou par nécessité, les flexipreneurs.es sont ces entrepreneur(e)s qui se lancent en affaires tout en gardant leur emploi ou une autre occupation à temps plein (études, prestations salariales, autre).
En anglais, on les désigne comme des Part-time Preneurs vu que l’entrepreneuriat n’est pas leur occupation principale. Quoiqu’il en soit, cette façon d’entreprendre gagne en popularité parce qu’elle permet de faire le saut en entrepreneuriat avec un certain coussin de sécurité.
Article écrit avec la collaboration d’Alexandra Renaud-Bernis, conseillère-formatrice à l’ÉEQ et entrepreneure.
Quels avantages?
On dit souvent que de se lancer en affaires c’est de faire un grand saut dans le vide. On se consacre corps et âme au démarrage de notre entreprise, des mois qui ressembleront à un marathon. On ne sait pas trop si les ventes seront au rendez-vous et en combien de temps nous pourrons rentabiliser notre investissement de départ et se verser un salaire.
Sécurité financière
Le flexipreneuriat donne en quelque sorte un meilleur filet financier pour celui qui démarre tout en douceur et en pouvant compter sur un revenu fixe.
Étude de marché
En démarrant doucement, on peut ainsi prendre son temps pour tester notre marché sans trop risquer de pertes. La pression de la rentabilité est moindre et on a plus de temps pour tester, repenser le modèle d’affaires et prendre des décisions éclairées.
Mais…Attention! Attention à l’épuisement
« Si le choix du flexipreneuriat reste très avantageux sur le plan financier, il reste que le risque d’épuisement est bien réel. , de commenter Alexandre Renaud-Bernis, conseillère-formatrice en entrepreneuriat à l’ÉEQ, elle-même flexipreneure.
« Vous devez accomplir votre travail d’employé(e)puis garder du temps le soir et les weekends pour travailler sur votre projet. Si vous avez une famille en plus, vous pouvez vite vous sentir dépassé(e). Ce qui est bien c’est que vous pouvez choisir le rythme de croisière de vos activités d’entrepreneur.e, c’est-à-dire une croissance d’affaires qui sera plus lente que les entrepreneurs à temps plein. Mais parfois, la passion embarque et nous cumulons des semaines de 60- 70 heures de travail.»
En effet, pour pouvoir faire avancer un projet d’affaires un minimum de temps, doit y être consacré. Cela exige une grande discipline et de la persévérance.
« Les compétences nécessaires au démarrage et à la gestion d’une entreprise à acquérir restent les mêmes pour les entrepreneurs(es) et les flexipreneurs(es). Il n’y a pas moins de chose à apprendre », de renchérir la conseillère-formatrice au programme FAIR.E de l’ÉEQ, des parcours qui soutiennent les femmes entrepreneures de tous les horizons.
Qui sont les flexipreneurs? Un terme québécois et…féminin!
Inventé par la SADC de Shawinigan le terme a été directement inspiré par des femmes qui se dédiaient à une autre occupation tout en gérant un projet d’affaires parallèlement. Elles ne se reconnaissaient pas dans la définition du mot entrepreneur.
« Le terme le dit, c’est la flexibilité de ce type de modèle qui a su accommoder l’agenda et la charge mentale des femmes entrepreneures au Québec. Il y a aussi la motivation très personnelle derrière le projet entrepreneurial qui semble être un point commun chez les flexipreneures et cette motivation ne se définit pas par l’attrait du gain financier. », de commenter Alexandra.
Au delà du profit…
À l’École des entrepreneurs du Québec, nous remarquons auprès de notre clientèle en démarrage et aussi nos employés (ils ont la fibre entrepreneuriale) que plusieurs flexipreneurs ont comme motivation à leur projet d’affaires un besoin de se réaliser et de trouver du sens à ce qu’ils font.
Les domaines de prédilection des flexipreneurs sont les arts et métiers d’arts (on veut combler notre besoin d’exprimer nos talents, notre créativité) les projets engagés, soit un engagement social, environnemental ou la relation d’aide (notre besoin de donner un sens à notre existence en cohésion avec nos valeurs). Comme la rentabilité est plus lente à atteindre dans ces domaines, il est fort possible que le ou la flexipreneur(e) ne passent jamais à temps plein dans son entreprise et garde ainsi un pied dans chacun de ses deux univers professionnels.
« Pour certain, le milieu de travail comme employé(e) a des avantages financiers mais reste aussi un lieu pour socialiser. Le chemin entrepreneurial est un choix très solitaire dans ses débuts. L’isolement social fait partie des risques. »
Le flexipreneuriat comme un tremplin
Vous l’aurez imaginé, un projet d’affaires auquel on consacre un temps limité, aura une croissance limitée. Notre manque de disponibilité peut parfois nuire au bon fonctionnement d’une entreprise. Que faire en période d’achalandage, d’imprévu? Les flexipreneurs(es) doivent anticiper, prévoir, organiser à l’avance. Pas toujours simple!
Plusieurs flexipreneurs(es) se voient un jour devant le choix de faire LE grand pas : celui de laisser leur emploi pour s’investir à temps plein dans leur entreprise.
« Plusieurs entrepreneurs connus ont démarré leur entreprise à temps partiel ce qui est vite devenu ingérable. D’autres choisiront de rester des flexipreneurs(es) toute leur vie! Tout est valide au final. Small and slow is also beautiful! C’est un choix tellement personnel! », de rappeler Alexandra.