Alexandre Joncas et Gildas Le Bars
De Montréal à Milan, en passant par Londres, voici le parcours de deux entrepreneurs designers qui ont créé une entreprise qui rayonne à l’International.
Après avoir touché à la coiffure, à la politique et à la gestion, Alexandre Joncas et Gildas Le Bars avaient cet insatiable désir de créer un projet à eux où ils pourraient proposer leur propre vision.
Leur passion pour le design les appelle à créer D’Armes, une entreprise de fabrication de luminaires.
Je les rencontre dans leur boutique à Montréal…
Parlez-nous un peu de votre parcours…
Alexandre : L’idée de confectionner quelque chose en créant des luminaires me permettait d’aller puiser dans ce que j’étais et ce que j’ai appris au fil de mes expériences. J’aime créer et dessiner des objets. J’ai choisi des luminaires, mais ça ne veut pas dire que D’Armes n’offrira que des luminaires. J’ai une anecdote un peu drôle… Il y a une quinzaine d’années, je suis allé voir un conseiller en orientation avec qui j’ai fait un test pour trouver un métier. L’un des premiers résultats qui est sorti était souffleur de verre de néon. Je me suis dit : « Aye, ça a l’air vraiment l’fun! » Ça m’est toujours resté en tête!
Gildas : Je viens du monde de la politique. La plus grande partie de mon expérience tourne autour du management, de la gestion des gens et des projets. J’aime être le chef d’orchestre, m’assurer que tout le monde fait ce qu’il a à faire pour que les projets avancent, que ce soit un luminaire ou un site Web. J’ai déjà géré une grande équipe de travail. Ça ne me permettait toutefois pas d’avoir toute la liberté d’action que je voulais. J’avais envie de développer ma vision des choses et la manière dont je travaille avec les gens, créer une équipe où les gens peuvent exprimer leur créativité et développer leur potentiel.
Quand avez-vous eu le déclic pour vous lancer en affaires?
Alexandre : J’ai toujours su que je voulais faire mes propres affaires. On a décidé de se lancer quand on a trouvé qu’on avait atteint un point de professionnalisme dans ce qu’on faisait.
Gildas : J’avais déjà créé des associations. Je sais à quel point c’est gratifiant. Alex a commencé et je l’ai rejoint. On a participé à la mesure Soutien au travail autonome. Sans ce programme, on n’aurait pas pu se lancer en affaires. On aurait réussi pareil, mais ça aurait été compliqué! Ça nous a permis d’éviter beaucoup d’erreurs.
Racontez-nous votre passage à la Design Week de Milan…
Alexandre : On a décidé de lancer la compagnie au Souk @ SAT en 2016. On n’était pas là pour vendre, mais on a vendu.
Gildas : Une mentor de la SAT nous a dit d’aller à Milan pour s’inspirer. On s’est dit que tant qu’à y aller, on pourrait exposer! On était un peu à la dernière minute, mais on a été sélectionnés pour la section des créateurs émergents.
Alexandre : C’était quasiment audacieux!
Gildas : Tout le monde nous disait d’aller à New York pour développer l’« International ». On s’est dit : « La plus grosse design week c’est à Milan : allons à Milan! »
Par la suite, vous avez obtenu un contrat d’un restaurant à Londres…
Gildas : Pas un gros contrat, plutôt un beau contrat.
Alexandre : C’est des trucs stratégiques en fait. On fait beaucoup de soumissions qui ne sont pas toujours retenues. Il y en a pour lesquelles on met plus d’efforts. C’est un chemin qu’on a décidé de prendre : mettre l’énergie sur des projets qui vont rapporter, pas seulement sur le plan financier, mais aussi pour notre visibilité.
Gildas : Au départ, ce client était perdu, car le prix que nous avions proposés était trop cher. Il devait acheter une lampe qu’il n’avait jamais vue! Nous avons échangé des courriels puis je l’ai appelé. J’ai révisé le prix. J’étais content d’avoir récupéré ce client!
Sur la Mesure de Soutien au travail autonome (STA)
La Mesure STA est un programme de soutien au travailleur autonome ou à l’entrepreneur en démarrage qui souhaite se consacrer à son projet d’affaires en recevant de la formation et du soutien financier.
Si son projet est accepté, le participant reçoit une aide financière hebdomadaire pendant une période maximale de 52 semaines. Cette aide financière peut être un complément aux revenus générés par son projet d’affaires durant cette période.
Pour en savoir davantage sur ce programme financé par Emploi-Québec et pour connaître les critères d’admissibilité, consultez la page Web de la mesure STA de notre partenaire le SAJE accompagnateur d’entrepreneurs.
Quel apprentissage retenez-vous du SAJE?
Alexandre : Écouter le client, aller collecter de l’information. Se positionner sur le marché. À qui veut-on vendre? À quel prix?
Gildas : Les cours du SAJE m’ont aidé à assumer: « c’est ça qu’on fait et on le fait bien ». Savoir dire non.
Alexandre : Maintenant, on se fait reconnaitre, car on a une signature.
Gildas : On a beaucoup de ventes, presque seulement à l’International. On est dans des publications, des blogues de design. Le fait d’avoir exposé à Milan nous aide beaucoup.
Avez-vous des conseils à donner à un entrepreneur qui souhaite développer son entreprise à l’International?
Alexandre : Se rendre sur le terrain. Rencontrer les gens qui font la même chose que toi ailleurs.
Gildas : Le faire savoir, trouver le journaliste ou le blogueur qui va en parler. Quand on était à Milan, on s’est payé un communiqué de presse, des photos, une agence pour diffuser le communiqué.
Alexandre: Quelqu’un qui veut vendre à l’étranger dans le domaine du design c’est un peu comme en mode. Il y a un « star-système ». On vend de l’image, il faut produire de l’image, rendre le truc intéressant. Aussi, on est très instinctifs. Si Gildas ne le sent pas, je l’écoute. Il faut écouter ton premier feeling, c’est ta compagnie!
Gildas : C’est peut-être moins le cas pour des entrepreneurs qui ont des investisseurs derrière eux.
Moi je dirais, développe-toi au fur et à mesure de tes capacités, garde ta liberté.