Naviguer dans l’inconfort : un après-midi sur l’eau sous un orage…

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Dans cet article il est question de tonnerre, d’eau froide, de yeux bandés, de silence et d’inattendu. Frileux s’abstenir…

 

Rendez-vous au Canal Lachine aujourd’hui avec les dirigeants participant au Parcours Novaré pour une activité qui promettait être un peu différente…  

 

13 h 30 : on se prépare, consignes de sécurité, récupération des gilets de sauvetage et pagaies.  

14 h 00 : dirigées par leur animateur respectif, les 4 équipes embarquent dans leur rabaska  

14 h 05 : l’orage éclate, on retourne au quai. Toutes les 15 minutes, on valide l’état de la météo. On est cloués au sol vu le tonnerre. Rapidement, les animateurs organisent des activités terrestres collaboratives qui provoquent des réflexions sur les dynamiques de groupe. 

 

Leçon tirée #1 : Premier transfert vers l’entreprise, il faut être réactif, agile et créatif, car on ne maîtrise pas tout ce qu’il se passe dans l’environnement. 

 

15 h 00 : on embarque, finalement. Il pleut, le ciel reste menaçant et il fait plutôt frisquet pour un 15 juin. Vu leur inconfort, certains s’interrogent : est-ce qu’on devrait vraiment retourner sur l’eau ? On se lance malgré le froid et les gouttelettes!  

 

Apprentissage # 2 : L’environnement autour de l’entreprise est en perpétuel changement et même si l’on ne peut pas tout contrôler, il ne faut pas rester figé et s’empêcher d’agir. Il faut gérer ce que l’on peut et lâcher prise sur le reste. Accepter d’être en déséquilibre et dans une zone moins confortable. Être dans l’action. 

 

15h 05 : On commence à ramer tant bien que mal, dans la bonne humeur, sous les consignes de nos pilotes. Soudain, on nous donne des masques de nuit et on nous intime de ne plus parler. Rapidement, les rames s’entrechoquent jusqu’à ce que, fatigué de ces sensations désagréables, je me mette à écouter le bruit de la pagaie de mon voisin de devant qui plonge dans l’eau. Et là je me synchronise, et mon voisin de derrière fait de même. Comme par miracle, la navigation devient fluide. Nous pagayons mieux les yeux bandés sans parler que les yeux ouverts en communiquant verbalement. 

 

Parallèle #3 : en entreprise, quand on écoute l’autre, quand on se met en empathie, les choses deviennent naturellement plus fluides. 

 

Pour nous corser la tâche, nos pilotes nous font changer de place dans le rabaska, échanger des pagayeurs d’un rabaska à l’autre. Notre bateau tangue. Naturellement, tout le monde fait de son mieux pour faciliter la manœuvre. Par altruisme peut-être, mais surtout pour ne pas finir à l’eau ! 😊 

 

Enseignement  #4: quand tout le monde collabore dans l’entreprise vers un but commun et avec précaution, ça se passe en général bien. 

 

On repart, navigue encore et la fin de la balade approche. Soudain, les 4 pilotes nous font arrêter les rabaskas, remettre notre bandeau sur les yeux et nous intiment de reser en silence.

Laconique, le pilote en chef nous dit : « Alors nous, on a autre chose à faire, on y va. On entend 4 «  plouf » dans l’eau et les voilà partis à la nage vers la rive… 😊 Tout le monde est silencieux sur le bateau, bouche ouverte.  

Je dis : « Bon ben… va falloir qu’on s’organise! ». On répond : « Oui, mais on nous a dit de ne pas parler…».

Je pense tout haut :  « Mais là celui qui a dicté cette règle est parti… prenons les choses en main. On va enlever les bandeaux, s’organiser et ramener le rabaska au quai. » 

Une fois l’électrochoc créé, tout le monde a mis l’épaule à la roue en s’attribuant des positions et des consignes de base. Nous avons ramené, avec beaucoup plus de facilité que prévu, notre rabaska au quai.  

 

Apprentissage  #5 : En entreprise, il se peut que le leader parte, disparaisse ou ne soit plus en mesure de remplir ses fonctions. Dans ce cas, les consignes et les manières antérieures ne valent plus : il faut assumer un leadership partagé et redéfinir les modes de fonctionnement en lien avec la nouvelle réalité. 

 

16 h 15 : Une fois rentrés au quai, les pilotes nous font un retour de l’activité et des parallèles qui peuvent être faits avec des situations vécues en entreprise. Et là, ils nous annoncent que 2 des pilotes n’avaient jamais mené de rabaska jusqu’à présent. Pourtant, nous nous sommes sentis en confiance tout au long et n’avons jamais remis leur compétence en cause.  

 

Encore un apprentissage ici : apprendre à se faire confiance sans avoir toutes les données du problème. 

 

Ultimement, une de nos pilotes, qui fait partie de la Première Nation Anichinabé nous partage leur approche holistique et leur perception du monde basée sur 4 dimensions : le physique, le mental, le spirituel et l’émotionnel. Aujourd’hui, nous avons tous vécu quelque chose dans notre corps. Notre mental a été éprouvé par les situations vécues, qui ont généré des émotions chez nous.  

 

C’est maintenant à nous de trouver une valeur symbolique à ce que nous avons vécu et de le transposer dans notre quotidien.  

 

Et c’est ce que j’ai appris aujourd’hui au fond : être en éveil, vivre et accueillir ce qui nous arrive, malgré l’inconfort, avec ouverture pour se construire et le partager.  

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Cette activité s’est tenue dans le cadre de la cohorte 2023 du Parcours Novaré. Animée par 4 intervenants et la directrice du Centre d’amitié autochtone de Lanaudière, l’activité avait pour but de nous mettre devant des situations inattendues et inconfortables qui ont forcé l’écoute et l’entraide. 

 

Écrit par André Menand,

Directeur de l’Innovation ÉEQ

Directeur Stratégie et partenariats Parcours Novaré et Parcours Transition écologique.