De père entrepreneur à fille repreneure 

Beaulieu

Marielle Beaulieu est ce qu’on appelle une repreneure. Elle est la fille de Carole Castonguay et de Christian Beaulieu, propriétaires de la Fromagerie du Littoral. En manque des grands espaces, la jeune femme de 26 ans revenait dans sa région natale (précisément à Baie-des-Sables) en pleine pandémie avec un baccalauréat en Sciences et technologie des aliments et un MBA en entrepreneuriat et gestion de PME en poche.  

 

Sa motivation : prendre la relève de ses parents aux commandes de la fromagerie. Elle nous raconte comment s’articulent cette reprise familiale et sa relation avec son papa, en cette semaine de la fête des Pères. 

 

Pourquoi as-tu choisi le repreneuriat ? 

Ça s’est fait un peu tout seul… À la suite de mes études à Québec, je m’ennuyais du grand air et je voulais faire carrière en région. L’entreprise de mes parents allait bien. Au lieu de partir de zéro, j’ai eu envie de poursuivre ce qui était déjà bâti. Je baigne dedans depuis mon enfance – j’avais 9 ans et je vendais du fromage ! C’était clairement le meilleur choix qui se présentait à moi : faire mon propre horaire, exercer mon leadership et faire de la gestion d’équipe.

 

Et, je ne reprends qu’une partie de la PME, c’est-à-dire tout ce qui touche la fromagerie et la transformation laitière. Mon frère va éventuellement reprendre la ferme et la gestion du troupeau. Le transfert de l’entreprise se déroule progressivement, l’un après l’autre, pour ne pas surcharger la transmission. 

 N.B. La Fromagerie du Littoral se démarque en produisant le lait qu’elle transforme : un gage de qualité et de fraîcheur qui fait sa réputation dans la région.

 

Quand tu étais petite, quel était ton rapport à l’entreprise de tes parents ? 

On était impliqués dès notre jeune âge. J’adore la manière dont on a été élevé, les tâches n’ont jamais été genrées. On a appris tout ce qui avait à être accompli : j’ai autant conduit les tracteurs, fait la traite, pris soin du troupeau, vendu en boutique… Ce qui fait qu’aujourd’hui je suis très à l’aise de tout faire ! 

 

Comment décrirais-tu la relation avec ton père ? 

Super bien ! Je pense que comme toute relation intergénérationnelle, on a un défi de communication pour bien se comprendre et arriver à fonctionner rondement. J’apprends à faire ma place et à démontrer que je suis là pour m’enraciner. Ça prend de l’adaptation pour faire confiance à la génération suivante. Dans la transition, on tente de poursuivre les projets tout en amenant de nouvelles idées.

 

Quels sont vos points en commun? 

On est définitivement tous les deux fonceurs ! On ne se laisse pas marcher sur les pieds ! On est du genre « qui m’aime me suit » ! Donc on a d’affaire à s’entendre ! (Rires) 

 

Et ce qui vous différencie ? 

Mon père gère plusieurs responsabilités et tâches en même temps, il a de la facilité à avoir une vue macro et il est créatif. De mon côté, je suis plus séquentielle ; je vais clore ce que j’ai commencé avant de me lancer dans autre chose et je suis aussi plus méticuleuse au niveau des détails (micro). En fin de compte, on est très complémentaire. 

 

Quelles aptitude ou compétence te démarquent comme repreneure ? 

Clairement ma polyvalence ! Dans une journée je peux résoudre toute sorte de problèmes, autant en mécanique, que de faire des publications sur les médias sociaux, que de retoucher le plan d’action…  

 

Quelle est ta bête noire ?  

Mes parents étaient deux et pouvaient s’appuyer l’un sur l’autre – mon frère sera là, mais moi je vais être seule à la tête de la fromagerie. Je dois prendre de bonnes décisions. C’est un défi de taille en tout début de carrière, le temps d’accumuler de l’expérience et de développer de la confiance en moi. 

 

Quand tu as des moments difficiles, vers quoi te retournes-tu ? 

Mes parents sont encore là – nous avons un caucus familial pour les prises de décisions importantes et pour ne pas que je supporte tout, toute seule. Et tant que j’ai besoin d’eux, ils seront là. Ça comprend aussi le temps que j’apprenne de mes erreurs, ce qui fait partie du parcours de tout entrepreneur.  

 Je suis très bien entourée, j’ai un réseau de contacts en région sur qui je peux compter : l’équipe de travail, les fournisseurs, la clientèle directe sur place, il y a plusieurs façons de trouver des solutions.  

 De façon personnelle, il n’y a rien comme la danse, l’entraînement ou une promenade sur le fleuve en planche à pagaie pour me permettre de décompresser. J’ai aussi un tout nouveau chien qui me fait rapidement décrocher ! 

 

Tu suis la formation Mon commerce en ligne (MCEL). Qu’est-ce que ça t’apporte ? 

Nous sommes dans les phases de croissance et de développement de l’entreprise, ce qui amène beaucoup de nouveautés ! La formation est en cours et on aura bientôt accès à du coaching cet automne pour terminer les dernières étapes. On revisite complètement la boutique en ligne pour la propulser dans les prochains mois. On renforce la chaîne de distribution, afin que nos fromages soient accessibles partout au Québec, rapidement. 

Cette formation nous aide à mettre plus en valeur nos produits et développer une vision complémentaire de ceux-ci. Par exemple, nous aurons une section de recettes avec nos produits pour donner des idées aux clients, du matériel à vendre comme un caquelon à fromage créé sur mesure par une potière du coin. On va simplifier au maximum le processus d’achat en ligne pour que notre clientèle se procure nos produits à la suite de leur visite dans notre fromagerie. 

 

Quels sont les projets à venir ? 

Présentement, ce qui nous occupe c’est le lancement notre nouvelle identité visuelle, nous avons travaillé fort les derniers mois à refaire l’image de marque en profondeur et revisité la mission, les valeurs, etc. Pour ce qui est de notre projet de fond, on vise à transformer 100 % de la production laitière (on en est au tiers). C’est pourquoi on fait du développement de marché et que l’on travaille fort sur notre chaîne de distribution.  

 

Bonne chance à toute la famille dans cette transition de transfert d’entreprise !