Enchanté de faire ta connaissance! Peux-tu nous raconter qui tu es et quel est ton parcours d’entrepreneure?
Bonjour! Je m’appelle Christine, je suis psychoéducatrice et fondatrice de l’entreprise Réinspire. J’ai une maîtrise en psychoéducation et dans le cadre de ma profession, mon travail consiste à évaluer les difficultés et les capacités adaptatives des élèves et de proposer des actions à mettre en œuvre pour favoriser le développement de leur plein potentiel.
J’interviens surtout auprès des jeunes en difficulté, qui ont des parcours parsemés de défis, et ce, dans différentes sphères de leur vie. Malheureusement, ce sont surtout ces jeunes qui quittent l’école sans diplôme ni certification.
En milieu scolaire, je travaille étroitement avec les enseignants et les éducateurs spécialisés pour préparer ces élèves à la vie adulte, car ils auront besoin d’être autonomes et de se sentir compétents lorsque nous ne serons plus dans leur vie!
Qu’est-ce qui t’a poussé à lancer Réinspire?
Réinspire est née de mes expériences personnelles, de mes expériences cliniques, et des suites d’une profonde réflexion sur l’état dans lequel se déploient nos services éducatifs au Québec. Plus précisément, je me suis rendu compte que les programmes d’interventions pour les élèves en difficulté dans les écoles n’étaient pas vraiment adaptés à leur réalité, encore moins à leurs besoins!
C’est la raison pour laquelle que chez Réinspire, nous proposons des programmes évalués empiriquement pour allier le plein air et les apprentissages. Nos services favorisent l’engagement et la motivation scolaire, augmentent le sentiment de bien-être et soutiennent la formation continue des professionnels.
Selon moi, il est très important de faire sortir les élèves dehors, même en milieu urbain. L’intervention en plein air permet aux élèves d’apprendre dans l’action, de généraliser leurs acquis, de créer des connexions humaines positives et de prendre soin de leur santé mentale! L’important c’est de faire vivre des expériences positives, car c’est l’accumulation de ces expériences qui forment et façonnent les individus.
Et ce n’est pas profitable que pour les élèves, nos services ont été créés pour répondre aux besoins des adultes aussi! Autant les enseignants et les professionnels, tous en ressentent les bienfaits. L’idée derrière Réinspire, c’est aussi de soutenir les intervenants, qui vivent beaucoup d’épuisement professionnel et ont une importante charge de travail au quotidien.
Dès qu’on a débuté, il y a tout de suite eu un engouement pour notre offre et nous avons proposé nos services à plusieurs écoles. Les élèves se sentent rapidement apaisés au contact de la nature, ils se découvrent, découvrent les autres et découvrent leur environnement.
Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées jusque-là dans ton parcours entrepreneurial?
Mon plus grand défi des derniers mois était vraiment de garder un équilibre malgré l’inconnu et la nouveauté. C’est un grand saut dans le vide de se lancer en affaires! Il y a tout à découvrir et à comprendre, c’est un nouvel écosystème que je ne connaissais pas! Il y a tellement à apprendre, et pas seulement des notions théoriques, mais des manières d’interagir, des compétences et des habiletés à développer.
Ton autonomie, ta débrouillardise, ta curiosité, ta capacité de créer des relations sont rapidement mises à l’épreuve. Pour ma part, je crois que j’ai su déployer ces forces et cela m’a menée à des incubateurs qui m’ont permis de développer mon entreprise. J’ai tout bâti de A à Z.
Un autre défi demeure la résistance au changement : c’est stressant la nouveauté et l’incertitude. Surtout dans un contexte où les acteurs des milieux scolaires sont déjà fatigués et épuisés! Mais la clef, selon moi, c’est de créer la confiance. Et surtout, de bien comprendre les besoins du terrain. Pour accepter un nouveau service et adopter des pratiques différentes, il faut être sécurisé, se sentir compris et faire confiance à la personne devant nous.
Je n’ai pas eu de difficulté à convaincre sur le bien-fondé de mes services, les gens y croient et savent que c’est important pour les élèves. Malgré tout, il faut comprendre que ce n’est pas tout le monde qui est prêt à se mettre en action en même temps. C’est pour cela que je débute avec les écoles qui sont déjà convaincues, et par la suite, on montre l’exemple. On sème des graines de changement. Et peu à peu, la démarche fait moins peur et les gens embarquent aisément.
Par ailleurs, l’enjeu principal c’est le roulement du personnel, dans la mesure où parfois, beaucoup de membres du personnel sont intéressées par ce que l’on propose, mais quittent leur poste après un certain temps. Cela rend difficile ensuite de pérenniser la vision et les services pour les élèves.
Finalement, il est fréquent d’entendre parler de sous-financement dans le domaine de l’éducation. Cependant, je me rends compte qu’il existe une variété de budgets auxquels les centres de services scolaires, les directions d’écoles, et même les membres du personnel peuvent recourir pour financer leurs projets d’intervention en plein air. Après, ça dépend bien évidemment des orientations stratégiques et des besoins de chaque école !
Moi, ce qui m’importe, c’est que si une école désire offrir une éducation différenciée et inclusive, veut augmenter son climat scolaire, soutenir la santé mentale de ses élèves, offrir de la formation continue à ses membres du personnel, eh bien, je veux qu’elle puisse avoir la possibilité d’avoir accès à nos services facilement.
Pourquoi avoir participé à la 26e édition du Défi OSEntreprendre? Qu’est-ce que le Défi représentait à tes yeux?
En octobre dernier, j’ai commencé à travailler à temps plein sur mon projet entrepreneurial. Je découvrais alors tout ce monde et c’est à ce moment que j’ai appris que plusieurs concours existaient pour soutenir les entrepreneurs. J’ai identifié certains appels de candidatures qui correspondaient à mes besoins et c’est à ce moment que j’ai entendu parler du Défi OSEntreprendre. Je me suis dit « Pourquoi pas? ». Je me suis alors lancée dans cette aventure.
Déposer ma candidature était une réussite en soi, car il faut au préalable rédiger son plan d’affaires et ses prévisions financières. Cet exercice était essentiel à ma démarche et depuis, je continue de les peaufiner, d’ajuster mes différentes stratégies et je clarifie la vision de ce que je veux offrir. Par cette démarche, ça me donnait aussi l’occasion de rencontrer des gens, des entrepreneurs inspirants, et de connaître leurs histoires et leurs expériences.
Tu as d’ailleurs été lauréate de la catégorie Services aux individus, félicitations! Qu’est-ce que le Défi OSEntreprendre t’a concrètement apporté?
Oui, en effet, merci beaucoup ! Le Défi m’a apporté beaucoup de bonnes choses! J’ai eu la chance de rencontrer d’autres entrepreneurs qui ont des initiatives vraiment intéressantes. Leur parcours est différent du mien, mais on se ressemble beaucoup ! On a tous réalisé qu’il y avait une problématique vécue parmi notre clientèle cible et on a imaginé une solution pour y répondre.
Aussi, le défi m’a octroyé beaucoup de visibilité, que ce soit grâce aux communications qui l’entourent, mais également de la clairvoyance, car comme je l’ai dit plus tôt, cela m’a donné l’opportunité de revoir mon plan d’affaires et d’affiner mon propos.
Je suis vraiment reconnaissante!
Je sens maintenant faire partie d’un nouvel écosystème d’entrepreneurs. Je tiens à créer ce sentiment d’appartenance aussi dans les écoles, pour combattre l’isolement dont font souvent preuve les professionnels de l’éducation, à l’image des entrepreneures et des entrepreneurs.
Réinspire, c’est aussi une communauté de gens passionnés, inspirants, mobilisés à changer les choses sans imposer des idées ou des pratiques. On crée des expériences qui permettent d’établir des connexions humaines positives, on prend le temps d’être ensemble.
Comment te sens-tu avant la grande finale nationale du Défi OSEntreprendre le 12 juin prochain?
J’ai très hâte d’y être! Je suis sûr que ce sera encore une fois une belle expérience!