Quand devenir papa provoque l’entrepreneuriat

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D’employé à travailleur autonome : Vincent Toutou – illustrateur et papa engagé

Alors qu’on pourrait penser qu’à l’arrivée d’un enfant, un futur père chercherait à assurer une stabilité financière avec un travail fixe, cet artiste entrepreneur a plutôt décidé de se lancer en affaires. Découvrez comment et pourquoi…

Vincent Tourigny gribouille et dessine depuis qu’il est tout petit.

En gros, depuis qu’il sait tenir un crayon dans ses mains, il ne l’a jamais lâché. Comme plusieurs artistes, il a longtemps cru à tort que vivre de sa passion était impossible. D’abord parce que ça semblait être réservé à l’élite, mais aussi à cause de cette bonne vieille croyance qu’il est impossible de vivre convenablement de son art et que l’on doit se résigner à le reléguer au stade du hobby. La vie lui a démontré le contraire…

Ayant moins de facilité à l’école, Vincent convoite un programme collégial en graphisme contingenté, où il est retranché. Toutefois, il en est accepté en arts. À sa grande surprise, cette voie le motive à exceller et il réussit à aller chercher de bonnes notes, ce qui le fait accéder au DEC en illustration au Collège Dawson.

 

Il fait ses premières armes en graphisme dans de petites entreprises, conçoit des emballages, travaille fort et persévère… Sans le savoir, tous ses efforts le rapprochent de son rêve. Quelques années plus tard, au tournant de la trentaine, il présente son portfolio à l’UQAM. Il est accepté au Baccalauréat en design graphique, ce qu’il croyait impossible.

 

 

À sa sortie, il est embauché en illustration et graphisme commercial où il travaille pendant 3-4 ans.

Puis, c’est à l’arrivée de son premier enfant qu’il décide de faire le saut comme travailleur autonome.

Le point de bascule? Une conciliation travail-famille moins consensuelle entre les grandes exigences du milieu, l’horaire de la garderie, les déplacements irréalistes entre métro-boulot-dodo… Tout se prête à simplifier l’équation. Comme travailleur autonome, il travaille toujours autant, mais c’est plus adéquat pour une famille, vu la flexibilité obtenue.

 

Il est également attiré par cette façon de travailler totalement différente où il touche à toutes les étapes d’un projet. Alors qu’en entreprise, il répondait uniquement à des commandes, le travail de pigiste lui permet de diversifier ses tâches. Il initie maintenant des projets et est impliqué dans toutes les étapes de réalisation. Il jongle avec les rôles : chargé de projet, comptable, relation client.

« Je n’avais jamais à faire ça avant. C’est tellement plus diversifié et plus stimulant! ».  On le contacte pour obtenir sa touche unique. « C’est d’ailleurs ma plus grande fierté. Être illustrateur avec mon style particulier et que les gens viennent me proposer des projets parce que c’est ça dont ils ont envie. J’en rêve depuis le primaire! Je ne pensais pas que c’était possible de vivre de mon art! ».

 

 

Ta plus grande force?

Comme illustrateur, c’est le côté ludique avec des concepts originaux. Comme entrepreneur, c’est de réussir à diversifier mon offre de services : murales (il était graffiteur dans son adolescence et a converti ses connaissances à bon escient), contrats réguliers, ligne de cartes de souhaits. Cette stratégie fait en sorte qu’il n’attend pas que le téléphone sonne : il a réussi à se créer un revenu passif de sous-produits et répondre à des appels de projets pour les murales.

 

 

 

Ta bête noire?

Deux principales :

 

1. L’insécurité financière

« Depuis la STA, je n’ai jamais manqué de travail. Je le gère en me disant que ce n’est jamais arrivé dans le passé… et là, ça fait quand même un bon laps de temps que ça se passe bien. Alors pourquoi ça arriverait? Bon, ça peut toujours arriver! Mais, il faut se parler à soi-même. Je me base sur ce qui est arrivé dans le passé. Quand il y a eu des défis, je les ai surmontés. »

 

2. Le manque de temps

Maintenant, contrairement à être salarié, il n’a plus de banque de congés prévus pour les aléas importants de la vie (un décès, maladie d’un proche, etc). Il doit accuser le coup si les délais sont trop serrés ou s’il en prend trop. Et, bien sûr, il ne peut pas déléguer! « Je ne veux surtout pas laisser de côté ma créativité et les projets dans lesquels je peux m’éclater! »